Une consolidation au compte-gouttes

Les fusions dans le secteur aérien sont très rares. Quasi-inexistantes, même, entre acteurs de pays différents. Ce n'est pas une question de prix, au vu des très faibles capitalisations boursières du secteur. Mais les barrières sont multiples. La première est d'ordre réglementaire. à de très rares exceptions près, les états interdisent la prise de contrôle de leurs compagnies nationales par des étrangers. En Europe, où le secteur a été libéralisé dans les années 90, les mariages ne posent pas de problèmes tant que les compagnies cantonnent leurs opérations aux frontières du continent. Mais pour celles qui assurent des vols vers les pays tiers n'ayant pas signé d'accord de ciel ouvert avec Bruxelles, les obstacles juridiques sont complexes. Tout rapprochement nécessite des schémas compliqués pour que la compagnie achetée puisse garder sa « nationalit頻 et continuer ses activités au départ de son pays d'origine. C'est ce qu'a réussi à faire Air France en rachetant KLM en 2004 : ce dernier a pu conserver ses autorisations de vols entre les Pays-Bas et le reste du monde, même si le groupe Air France-KLM est français. Si, depuis, les rapprochements entre européens sont possibles, ils se heurtent souvent à des écueils d'ordre politiques et patriotiques. Que la (ou l'ex) compagnie nationale, souvent considérée comme un symbole national, passe sous pavillon étranger, et l'émotion s'empare de l'opinion. En témoigne l'histoire d'Alitalia. les avantages d'une fusion, sans les risquesC'est pour toutes ces raisons que, à l'inverse des états-Unis, les marques ne disparaissent pas en Europe. Et que l'intégration des rapprochements est moins poussée. à cela s'ajoute l'obligation pour les directions d'obtenir le feu vert des pilotes. Cette catégorie, véritable contre-pouvoir dans les compagnies, a déjà fait capoter nombre de projets. Le point crucial, notamment pour une fusion, est d'élaborer une liste dite « de séniorit頻 harmonisée entre les deux transporteurs. Il s'agit d'un système qui définit, selon l'ancienneté, l'évolution de carrière des pilotes (affectation sur les bases d'exploitation, sur le type d'avions...) et donc le niveau de rémunération. Sans cela, il est très compliqué de mêler les opérations. Enfin, le dernier frein à cette consolidation, ces sont les accords commerciaux que nouent les compagnies. Il s'agit de « co-entreprises virtuelles », sans liens capitalistiques, spécifiques à l'aérien. Sur un axe défini en commun, elles permettent à des compagnies d'harmoniser leurs plans de vol (capacités, horaires...), leurs tarifs, et de partager les coûts et les recettes. Soit presque tous les avantages d'une fusion, sans les risques. F. G.
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