L'Afrique du Sud bute sur sa réforme agraire

Ce vendredi ont lieu les funérailles d'Eugène Terre'Blanche, le leader d'extrême droite sud-africain, tué dans sa ferme de Ventersdorp samedi dernier. Depuis son assassinat, le chef de son parti, Tinus Herbst, a de plus en plus peur pour sa femme et ses enfants. En uniforme kaki, un badge, ce fermier militant du mouvement de résistance afrikaner (AWB) se dit « prêt à prendre les armes pour protéger son peuple ». à Ventersdorp, avec les autres partisans d'extrême droite réunis devant le tribunal, le jour où comparaissent pour la première fois les deux ouvriers agricoles accusés du meurtre, il entonne l'hymne qui remonte au temps de l'apartheid. De l'autre côté, face aux drapeaux de l'AWB dont l'emblème ressemble à la croix gammée nazie, de jeunes militants noirs de l'ANC au pouvoir ou du parti communiste leur font écho en chantant « Nkosi Sikeleli Afrika », l'hymne actuel de l'Afrique du Sud. Johannes Mooketsa, 26 ans, est venu du township de la petite ville pour soutenir ses « héros », les deux accusés. « Nous sommes heureux aujourd'hui. Grâce à eux, nous ne serons plus jamais oppressés. Terre'Blanche venait chez nous avec sa milice pour nous brutaliser. Ce n'est que justice ce qui lui est arrivé », assure le jeune homme. Au coeur de la nouvelle nation arc-en-ciel, la haine règne toujours dans les campagnes. La violence est alimentée par la lenteur de la réforme agraire. Depuis la fin du régime ségragationniste, plus de 2.000 fermiers blancs ont été tués. En 1994, 43.000 d'entre eux exploitaient depuis plusieurs générations les terres les plus fertiles du pays. Quand il arrive au pouvoir, Nelson Mandela s'engage prudemment sur ce terrain pour éviter les risques d'embrasement. Il promet de redistribuer 30 % des terres à des agriculteurs noirs en vingt ans. Mais la réforme est gangrenée par la corruption. Selon un rapport publié en 2008, seules 4 % des exploitations ont été redistribuées à ce jour. Les tensions raciales ne se sont donc pas apaisées.Sous la pression de ses partisans, le président Jacob Zuma a relancé fin mars 2010 le projet de réforme agraire. Une nouvelle loi devrait permettre à des fermiers noirs de louer des terres à l'Etat. Le gouvernement prévoit ainsi de se porter acquéreur d'un tiers des superficies agricoles. Le tout pour une somme de huit milliard d'euros alors que le pays peine à sortir de la crise économique mondiale.
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