Le Japon veut rassurer sur sa dette, mais les solutions se font encore attendre

Le gouvernement de Shinzo Abe, conforté à la tête du Japon pour trois ans, peut enfin s\'adonner aux annonces impopulaires. Après s\'être attiré les suffrages d\'une majorité de Japonais en juillet grâce à une politique volontariste de lutte contre la déflation, le Premier ministre nippon a annoncé jeudi un plan de consolidation budgétaire équivalent à 62 milliards d\'euros en deux ans par la voix de son ministre des Finances Taro Aso. Objectif : ramener le ratio déficit public / PIB à la moitié de son niveau de 2011 d\'ici à 2016, soit à 3,3%, hors paiement des intérêts de la dette, ainsi qu\'il s\'y était engagé lors de son accession aux responsabilités en décembre dernier.Eviter de perdre le contrôle sur la dette publiqueCe nouveau projet de consolidation budgétaire \"à moyen terme\", auquel beaucoup ne s\'attendaient pas mais qui était réclamé lundi par le FMI doit s\'étendre de 2014 à 2016. Il vise à éviter que la situation de la dette japonaise, qui représente 245% du PIB, ne finisse par déraper.L\'enjeu est de taille alors que le pays est déjà le plus endetté de toutes les nations développées et que son excédent courant, qui permet à la dette japonaise d\'être financée à 90% par des résidents et qui tendait à se réduire au fil des ans, ne retrouve aujourd\'hui de la vigueur que grâce à la politique monétaire accommodante de la banque centrale du Japon (BoJ) qui dope les investissements nippons à l\'étranger.Au menu, relance, réformes structurelles...Pour mémoire, le Premier ministre conservateur avait fait une arrivée remarquée à la tête du pays en décembre dernier avec ses Abenomics, bâtis sur trois \"flèches\" dont un programme de relance massif à base de dépense publique colossale, mais aussi en mettant à genoux la BoJ en nommant à sa tête un fidèle chargé de mettre fin à 15 ans de déflation. Jeudi, la BoJ a d\'ailleurs confirmé qu\'elle comptait maintenir sa politique monétaire inchangée.A ces deux premières \"flèches\" est venu s\'ajouter en juin la perspective d\'un plan de réformes structurelles à base de dérégulations, de flexibilisation du marché du travail et d\'accords de libre-échanges avec l\'Union européenne et les États-Unis. Leur concrétisation se fait encore attendre.... et silence sur les modalités de réduction du déficitShinzo Abe comptait initialement sur le retour de la croissance qui devait provoquer un accroissement des recettes fiscales du pays, en plus de la hausse prévue de longue date de la taxe sur la consommation (équivalent de notre TVA) de 5% à 8% en avril 2014. Mais, basé sur un scénario de croissance du PIB à 3% l\'an, l\'objectif paraît désormais hors d\'atteinte. Les nouvelles économies de 62 milliards d\'euros sur deux ans sont désormais basées sur une prévision de croissance à 2% l\'an. Un pronostic encore considéré comme très optimiste par les analystes.Les contours de ce plan de réduction du déficit public n\'ont pas encore été dévoilés. Mais l\'on peut s\'attendre, comme l\'a préconisé le FMI et semble l\'envisager gouvernement, à une nouvelle hausse de la taxe sur la consommation à 10% d\'ici à octobre 2015. Le FMI est même allé plus loin en exhortant Tokyo à couper dans ses dépenses sociales et à réformer son système de retraites. \"Nous n\'avons aucun projet de mener une politique d\'austérité pour parvenir à l\'équilibre budgétaire. Nous y parviendrons grâce à la croissance\", a toutefois voulu rassurer le ministre des Finances, Taro Aso.
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