Les banques françaises osent le crédit auto en Chine

L'avenir de l'automobile mondiale passe désormais par la Chine. Avec un taux d'équipement estimé à 28 pour mille habitants, elle apparaît comme un relais clé de la croissance du secteur. Et si 90 % des véhicules sont encore aujourd'hui payés comptant, il devrait faire l'objet d'un recours croissant au crédit, la voiture restant le bien d'équipement le plus onéreux, anticipent Cyril Egret et Laurent Corbineau, consultants chez Ineum. La Société Généralecute; Générale et le Crédit Agricolegricole se sont donc lancés sur ce marché stratégique.Le 13 juillet dernier, Philippe Dumont, directeur général de Crédit Agricolegricole Consumer Finance, était à Canton pour sceller le joint venture (à 50/50) de sa filiale Sofinco avec Guangzhou Automobile Group Company (GAC), sixième constructeur chinois. Savoir-faire françaisCe rapprochement a débuté à l'initiative du constructeur cantonais qui avait lancé un appel d'offres auprès des acteurs mondiaux du crédit conso (Santander et BNP Paribas auraient déposé un dossier) pour l'accompagner dans le financement des quelque 650.000 voitures qu'il vend par an. Après une longue procédure, le premier contrat de crédit était financé le 1er juillet. La Société Généralecute; Générale s'est, elle, alliée à la mi-juin avec le constructeur BYD (en partie détenu par le milliardaire américain Warren Buffett) dans un joint venture détenu à 80 % par le cinquième constructeur chinois et à 20% par la banque française. Guillaume Rouger-Brière, l'associé du cabinet d'avocats Gide Loyrette Nouel qui a conseillé la banque sur ce dossier, considère que le climat réglementaire est propice à l'émergence d'acteurs bancaires étrangers sur le marché du crédit auto en Chine. Selon lui, « la CBRC (le régulateur bancaire chinois) est ouverte à l'idée que des constructeurs chinois s'allient avec des banques étrangères ». Les banques françaises, ont en effet un savoir-faire du crédit auto qui, pour l'avocat, n'existe pas encore en Chine. Les constructeurs étrangers, comme Volkswagen, Toyota ou Ford agissent, eux, avec leurs firmes captives.Quid de la gestion des risques, alors que l'on redoute les bulles spéculatives ? Pour Philippe Dumont, c'est l'expertise de Sofinco en gestion des risques qui lui a permis de remporter l'appel d'offres de GAC - tout en restant très discret sur le coût du risque de cette activité, précisant seulement qu'il est « en phase avec les standards de la profession ». Mais les consultants d'Ineum sont clairs : « Personne ne connait le coût du risque ». Pourquoi les banques françaises choisissent-elles le crédit auto pour développer leur image auprès des particuliers chinois ? Pour l'associé de chez Gide Loyrette Nouel, proposer le crédit conso est une manière de s'introduire sur le marché bancaire sans concurrencer de front les banques chinoises.Pierre-Édouard Labbé
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