Rêver la ville

Architectes et auteurs de bande dessinée ont ceci de merveilleux en commun qu'ils peuvent imaginer des choses qui n'existent pas et qui ne seront peut-être jamais construites », s'enthousiasme François de Mazières, président de la Cité de l'architecture et du patrimoine. Il n'en fallait pas plus à Jean-Marc Thévenet, président du Festival d'Angoulême, et Francis Rambert, directeur de l'Institut français d'architecture, pour se lancer dans l'exploration des liens qui unissent ces deux disciplines à travers une foisonnante exposition, baptisée « Archi & BD. La ville dessinée ». En présentant des oeuvres originales rares, des planches tirées en maxi grand format, des maquettes et des installations vidéo interactives, ils proposent aux visiteurs un parcours les entraînant au coeur des villes imaginées par les auteurs de bande dessinée.Au même titre que New York a inspiré Winsor McKay avec ses perspectives vertigineuses, l'Exposition universelle de 1958 à Bruxelles a marqué les esprits, sans doute parce qu'elle se déroulait précisément au pays de la BD. L'Atomium, cette prouesse architecturale élevée au rang d'emblème de la modernité, a été célébré et repris en couverture de « Tintin », le magazine dont on découvre plusieurs originaux ici et là. Une fois n'est pas coutume, la banlieue n'a pas été oubliée par l'exposition. Ces territoires suburbains ont stimulé l'imagination fertile des Franck Margerin, Baru ou Blutch dans les années 1980.Tant en architecture qu'en bande dessinée, tout projet trouve son origine dans une foule de croquis, d'esquisses et de tracés. Si certains architectes, à l'instar de Rem Koolhaas ou Jacques Herzog, n'ont pas hésité à présenter des projets à l'aide de cases et de bulles, l'inverse se vérifie. Les auteurs de bande dessinée, tels Enki Bilal ou Moebius, tracent les contours de mégalopoles tentaculaires, voire insondables, qu'ils situent dans un futur proche. C'est là que les deux disciplines se scindent. Elles ont beau explorer les mêmes fantasmes, les architectes sont assurément tenus à une obligation de résultat : créer un habitat viable pour les individus.Si les liens entre le bâti et sa représentation, les fantasmes qui en découlent parfois, s'articulent bien dans l'exposition, il est un des thèmes traités à propos duquel le visiteur reste sur sa faim : les mégalopoles chinoises, fraîchement sorties de terre. Maintenant que les architectes ont exprimé leur vision, on trépigne d'impatience de découvrir l'interprétation que les artistes vont en donner. Il reste là un territoire fertile à explorer.
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