BlackBerry entrouvre la porte de son réseau

Malgré quelques coupures sporadiques vendredi, les saoudiens peuvent toujours utiliser leur BlackBerry dans le royaume. Research in Motion (RIM), le fabricant canadien du téléphone et les autorités locales ont trouvé un accord autorisant l'envoi et la réception d'emails avec un BlackBerry. Après des jours de tractations, de menaces, et d'interventions diplomatiques, pour un litige qui durait depuis 2007, RIM a finalement accepté d'installer un serveur informatique en Arabie saoudite. Des tests sont en cours depuis ce week-end avec les opérateurs de télécommunications du pays.Les autorités locales pourront ainsi, pour des raisons de sécurité nationale, intercepter et lire les emails envoyés via les BlackBerry, ce qu'elles disaient ne pas pouvoir faire auparavant. En plus d'être cryptés, comme beaucoup de données transitant sur Internet, les emails circulent en effet sur un réseau et des équipements installés par RIM avant d'aboutir sur les serveurs du groupe situés pour la plupart au Canada et en Grande-Bretagne. Un modèle propriétaire de bout en bout que RIM est le seul à offrir. Les mails envoyés depuis un iPhone ou un Nokia sont cryptés mais ils passent par les voies classiques de l'Internet et empruntent donc les serveurs des opérateurs locaux, ce qui les rend plus facilement interceptables.Le système de RIM n'est pas totalement infaillible mais son écoute est compliquée car justement les opérateurs en télécoms locaux n'interviennent pas sur le réseau. Selon plusieurs experts, la meilleure façon de pénétrer le système de RIM est de passer par le terminal. L'an dernier, Etisalat, l'opérateur des Émirats arabes unis, avait bien tenté d'installer un logiciel espion sur les BlackBerry en fonctionnement dans le pays. Mais la supercherie avait été rapidement démasquée, les batteries des téléphones se vidant de façon anormalement rapide.Le droit d'écouter aux portesPour protéger l'image de marque du groupe, la direction de RIM a vivement protesté contre la demande d'ouverture et la menace d'interdiction de fonctionnement lancées par les autorités saoudiennes et dans la foulée par d'autres pays, comme les Émirats arabes unis. Pourtant, ce n'est pas la première fois que RIM accepte d'entrouvrir son système pour permettre aux autorités d'écouter aux portes. Le groupe ne divulgue jamais la nature des accords conclus avec les services de sécurité. Mais les experts sont persuadés que les agences américaines, russes, britanniques ou chinoises disposent d'un accès aux mails transitant sur les BlackBerry, un téléphone utilisé par 46 millions de personnes à travers le monde.En Russie, le groupe canadien a négocié deux ans avec les deux principaux opérateurs locaux, MTS et Vimpelcom, pour pouvoir commercialiser le BlackBerry dans le pays. Aucun expert n'imagine également que la Chine ait pu autoriser ce téléphone sur son territoire sans accord sur la sécurité. Mais dans ces deux pays, l'enjeu commercial pour RIM était tout autre que celui que faisait planer la menace d'interdiction en Arabie saoudite, où le nombre d'utilisateurs de BlackBerry est estimé à 700.000 personnes.Reste maintenant à la direction de RIM à gérer le risque de propagation à d'autres pays tout en protégeant son image de marque. Les Émirats arabes unis ont affirmé que leur décision de suspendre des services du BlackBerry à partir du 11 octobre était « finale » mais se disent ouverts à des négociations. Le royaume de Bahreïn n'a pas l'intention de suspendre les services de BlackBerry car il « n'est pas question de priver une clientèle d'hommes d'affaires, de fonctionnaires et de particuliers pour lesquels cet outil est devenu indispensable ».
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