Lara Sample mène Brisbane à la baguette

C'est une petite révolution gustative qu'entame, à son échelle, Lara Sample. Bien décidée à trouver « du pain avec du goût, pas du carton », cette jeune franco-australienne a bouleversé « le paysage un peu triste de la boulangerie australienne » en ouvrant, depuis bientôt quatre ans, son propre fournil à Brisbane. Depuis, l'odeur de pain chaud et de viennoiseries embaument les rues de la banlieue proprette de New Farm et donne un accent tricolore à toute la capitale du Queensland. Celui de Lara chante également, quand elle prend en français la commande, sur un air d'accordéon ou avec France Gall en arrière-fond. Car, chez « Chouquette », tout est français, sauf peut-être la patronne : « 50/50 », répond en souriant Lara qui, bien que née en Australie, n'oublie pas les vacances passées sur les bancs de la communale d'Auneau dans la Beauce, d'où est originaire sa mère. Accompagnant la cousine, elle y devient vite une célébrité devant ses petits camarades qui s'esclaffent lorsqu'elle oublie de vouvoyer la maîtresse. « Idem en Australie, où l'on me demandait de montrer mes cahiers d'exercices », s'amuse aujourd'hui Lara, qui savoure l'expérience pendant plus de dix ans. Elle reprend son grand écart entre les deux pays quelques années plus tard, quand son diplôme australien en poche, elle veut tenter l'expérience en France. Elle suit des cours en Touraine « pour soigner l'écrit », travaille au pair à Strasbourg, avant de se réfugier régulièrement dans la boutique de tabac de sa tante, dans l'Indre. Elle y serait peut-être toujours, si elle n'avait pas décidé de rentrer une nouvelle fois pour reprendre ses études. Sûre de sa bonne idéeC'est en tout cas « aux baguettes croustillantes et aux croissants chauds » de la France profonde qu'elle pense, lorsque lassée de jouer la banquière à Brisbane, elle veut donner, en 2004, un nouveau tour à sa vie et sa carrière. Elle avoue à l'époque ne « rien connaître à la boulangerie », mais le pays non plus. Élevée au pain sec depuis le débarquement des Convicts, l'Australie a toute son éducation à faire. Une aubaine pour Lara, qui a une idée très précise des standards qu'elle entend proposer à sa future clientèle. « J'avais envie d'offrir une option aux gens qui connaissent et qui apprécient la qualité d'un bon pain français », précise la jeune femme qui, sûre de sa bonne idée, part quelques mois apprendre le métier à Rouen, à l'Institut national de Boulangerie-pâtisserie. Quand elle revient, en décembre 2006, c'est pour offrir sa boulangerie en cadeau de Noël à Brisbane. Depuis, « Chouquette » ne désemplie pas et chaque matin, Lara distribue le pain quotidien à ses fidèles, qui doivent se dépêcher pour ne pas en perdre une miette. Pas question pourtant de produire davantage, au grand dam des restaurateurs cinq étoiles du coin. Dans un pays où le pain reste avant tout industriel, Lara défend l'artisanat, secondée par les boulangers et pâtissiers qu'elle fait venir de France et qu'elle surnomme affectueusement « les artistes ». Elle aime les écouter parler du pays dans le fournil, pendant qu'elle tient la caisse. Comme à l'époque du tabac de sa tante.
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