Anglo Irish Bank, nouveau danger pour la zone euro

C'est une solution à la hache qu'a trouvé Dublin pour stopper l'hémorragie financière de l'établissement public Anglo Irish Bank, qui fait trembler les comptes publics de l'État irlandais. Après avoir mis en vain quelque 25 milliards d'euros pour la sauver, la banque va être scindée en deux : une banque de financement (Good Bank) et une structure de défaisance (Bad Bank) qui permettra d'assainir la gestion du portefeuille des prêts immobiliers qui l'avait plombée. Cette décision intervient à peine deux jours après que Dublin ait obtenu l'autorisation de Bruxelles d'étendre son plan de garantie des dépôts bancaires jusqu'à la fin de l'année, une démarche censée rassurer les investisseurs.Il est vrai que le spectre des marchés est revenu hanter la zone euro. Mercredi, les écarts de taux entre les obligations allemandes, la référence, et les obligations portugaises, grecques et irlandaises ont atteint des niveaux record (lire page 26), manifestant les inquiétudes des investisseurs sur les maillons faibles de la zone. Mais cette fois ce ne sont pas tant la dérive des finances publiques qui fait redouter à nouveau un effet domino que l'état du secteur bancaire dans ces pays. Le centre de gravité s'est en effet déplacé de la Grèce à l'Irlande. Standard & Poors estime à 50 milliards d'euros pour recapitaliser le système bancaires irlandais. « Même si l'on peut considérer que le montant de l'aide de 25 milliards d'euros n'est pas si élevé dans le cas d'Anglo Irish Bank, il représente quand même 20 % du produit national brut du pays ou plus de 50 % du montant cumulé des impôts sur un an. Le coût du sauvetage de la banque RBS en Grande-Bretagne, par exemple, avait représenté environ 3,5 % du PIB britannique ou à peine plus que 10 % du montant annuel des taxes », relève Steve Barrow, économiste chez Standard Bank, qui rappelle que « le gouvernement irlandais doit réduire le déficit public sans disposer de la possibilité de baisser les taux, contrôlés par la Banque centrale européenne ».Le secteur bancaire reste aussi un sujet de préoccupation pour Athènes. Le gouvernement considère qu'un soutien public doit être maintenu pour pouvoir assurer les prêts bancaires. Dans les prochains jours, a indiqué le ministre des Finances grec, George Papaconstantinou, devrait être annoncé le nom de celui qui présidera le fonds de stabilité de 10 milliards d'euros dédié au secteur bancaire. Ce dernier devrait également bénéficier d'une garantie supplémentaire à hauteur de 25 milliards d'euros de la part de l'État, après l'approbation de plans spécifiques des banques définissant comment elles entendent faciliter le crédit aux ménages et aux entreprises. Quant au Portugal, la marge de manoeuvre du secteur financier reste limitée. À la mi-juillet, l'agence Moody's avait dégradé la note de huit banques portugaises, mettant en doute la capacité du pays à les soutenir si besoin. La zone euro dispose d'un mécanisme d'aide de 750 milliards d'euros en cas de risque de faillite d'un pays. Les marchés pourraient être tentés d'en tester la solidité.Robert Jule
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