La Russie de moins en moins Bric

Faut-il rayer la Russie de la carte des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) ? L'acronyme, créé par Goldman Sachs fin 2001, repose sur l'idée que ces quatre économies émergentes disposaient d'un potentiel de croissance très supérieur aux pays développés. Le concept a depuis fait florès. Sur un plan strictement financier, la banque d'affaires américaine a vu juste. Même amputées par la crise actuelle, les performances boursières du club des quatre depuis fin 2001 restent impressionnantes : 388 % pour le Brésil, 417 % pour la Russie, 60 % pour la Chine et 406 % pour l'Inde.Les contre-performances de l'économie russe au cours de la crise actuelle posent néanmoins la question de sa présence au sein de ce club d'athlètes de la croissance. Malgré un plan de relance massif, la Russie traverse une profonde récession (? 8 % en 2009) qui la distingue singulièrement du Brésil (? 1 %) et davantage encore de la Chine (8 %) ou de l'Inde (6 %). Pour Jean-Michel Six, économiste chez Standard & Poor's, « il serait désormais préférable de parler de Bic plutôt que de Bric, le modèle de croissance de la Russie étant sérieusement compromis ».Dans le classement 2009 du World Economic Forum sur la compétitivité, la Russie fait une chute de 12 places par rapport à l'an dernier pour arriver au 63e rang des économies les plus compétitives. Le Brésil en revanche gagne 12 places (56e) tandis que l'Inde (49e) et la Chine (29e) grappillent encore chacune une place.faiblesses structurellesOptimiste, le ministre des Finances russe, Alexeï Koudrine, a indiqué que la Russie avait renoué avec la croissance au troisième trimestre. Mais le rebond sera, selon Jean-Michel Six, extrêmement mesuré en raison des faiblesses structurelles du modèle de croissance russe, à savoir une trop grande dépendance à l'égard des exportations de matières premières (deux tiers des exportations) et les fragilités d'un secteur bancaire qui n'a pas profité des années de vaches grasses pour se restructurer et se renforcer.Les entreprises russes restent très dépendantes des banques étrangères. Leur endettement extérieur a été multiplié par dix depuis 2001 pour atteindre 367 milliards de dollars en 2009. « Les bonnes dispositions des prêteurs étrangers à l'égard de la Russie ne se répéteront pas avant longtemps », pronostique Jean-Michel Six. Selon lui, la croissance russe ne dépassera pas 2 % l'an prochain, deux à trois fois moins que les autres Bric. X. H.
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