Le numéro d'équilibriste de Jérôme Cahuzac sur la règle des 3%

Il milite pour qu’un débat émerge à Bruxelles. Mais pas question que la France allume la mèche. Dimanche, sur les ondes de Radio J, Jérôme Cahuzac est revenu sur la règle des 3% de déficits publics assignée par l’Union européenne. Pour le ministre du Budget, un débat autour de cette réglementation n\'apparaît \"pas médiocre, loin s’en faut\". Il assure même qu’il serait \"certainement souhaitable\". Mais en parallèle, le grand artisan du prochain paquet fiscal du gouvernement se prémunit d’un bémol, de taille, puisque \"la France ne demande rien\".Explications : \"je ne voudrais pas que lançant ce débat, cela fasse douter de la détermination des autorités françaises à respecter la parole qui a été donnée de redresser nos finances publiques. Que personne n\'en doute, c\'est bien la politique qui a été engagée\", argue le ministre. Et pour cause, l’effort de redressement budgétaire global du gouvernement doit s’élever à 37 milliards d’euros, avec l’objectif de ramener le déficit public de 4,5% à cette fameuse barre de 3% l’an prochain. Aux yeux de Jérôme Cahuzac, une demande émanant de Paris apparaîtrait donc comme un signal négatif aux acteurs économiques, et surtout aux marchés. Sans leur confiance, le plan d’austérité du gouvernement Ayrault pourrait ainsi être mis à mal.Le PS en soutienMême s’il marche sur des œufs, le ministre se montre toutefois particulièrement insistant sur la mise en place d’un tel débat. Le 30 septembre dernier, le jour même de la première grande manifestation contre le traité européen à Paris, il avait ainsi exclu \"unilatéralement\" de demander tout délai supplémentaire à Bruxelles pour ramener le déficit de l’Hexagone à 3%, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/i-Télé/Le Parisien. Puis, en bon diplomate, s’était fendue de cette question : si \"collectivement, les pays de l\'Union et la Commission décident de donner un délai supplémentaire, comment s\'y opposer?\" Concrètement, Jérôme Cahuzac, semble miser sur une demande des pays du Sud de l’Europe (l’Espagne et l’Italie en tête), pour qui ce débat apparaît \"certainement utile, peut-être même nécessaire\", a-t-il lâché sur Radio J.Pour appuyer son \"appel qui n’en est pas un\", le ministre socialiste dispose d’un autre levier : l’appareil et les soutiers de son parti, qui bénéficient d’une plus grande liberté de parole. Patron par intérim du PS, Harlem Désir est passé à l’offensive. Lundi dernier sur RTL, il a jugé \"pas essentielle\" l’année à laquelle la France respectera le taux des 3% de déficits publics, qui constitue pourtant une des promesses de campagne de François Hollande. \"Si nous constatons que les conditions économiques changent, s\'il y a une récession dans la zone euro et qu\'elle touche la France, il doit y avoir une discussion avec nos partenaires\", a-t-il estimé. Or, le climat économique s’assombrit. Selon les dernières prévisions de l’Insee, publiées jeudi dernier, \"l’économie française serait à l’arrêt, avec une croissance nulle aux troisième et quatrième trimestre\" cette année. Le numéro d’équilibriste de Jérôme Cahuzac n’est vraisemblablement pas prêt de s’achever.
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