« La mobilisation sociale dans chaque pays devrait être canalisée en un mouvement européen »

Face aux mesures d'austérité mises en oeuvre en Europe pour réduire drastiquement les déficits budgétaires, les mouvements sociaux restent disparates et les manifestations souvent clairsemées. « La mobilisation sociale dans chaque pays devrait être canalisée en un mouvement européen et renforcer le dialogue social, qui a été fragilisé par le repli national des politiques européennes. C'est dans ce but que nous avons convoqué le 15 décembre prochain une journée d'action syndicale », explique Ignacio Fernández Toxo, secrétaire général de Comisiones Obreras (CCOO), principal syndicat espagnol avec UGT, dans un entretien avec La Tribune. Si la CCOO et UGT appellent à protester, ils sont néanmoins « conscients des difficultés de la situation », après l'échec de la guerre d'usure des syndicats français contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Pour Ignacio Fernandez Toxo, l'action syndicale au niveau européen est, entre autres, pénalisée par « l'énorme distance qui existe encore entre les configurations de l'action syndicale du Nord de l'Europe et du Sud », soit entre des relations patronat-syndicats plus consensuelles au Nord du continent qu'au Sud. En Espagne, par souci d'efficacité, UGT et CCOO avancent, la plupart du temps, main dans la main.Grève au succès mitigéLeur cible est non seulement la politique d'austérité du gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, mais aussi ses réformes structurelles, comme celle du marché du travail, qui réduit le coût des licenciements. En réaction, CCOO et UGT ont organisé le 29 septembre dernier une grève générale au succès mitigé, mais qui, selon eux, aurait causé le récent remaniement gouvernemental effectué par Zapatero. Toutefois, « il ne suffit pas de changer les personnes. Il faut changer la politique », prévient Toxo, qui réprouve l'empressement de Zapatero à réformer les retraites sous la pression de l'UE et des marchés : « Mêler sécurité sociale et conjoncture économique est la pire erreur qu'un gouvernement puisse faire ». Signe de bonne volonté, le nouveau ministre du Travail, Valeriano Gómez, a annoncé la semaine dernière que la réforme des retraites, initialement prévue pour fin 2010, est finalement reportée à 2011.« Le gouvernement - ce qui est lamentable pour une formation de gauche - a cru voir en la crise l'opportunité de faire des réformes comme celles qu'il a faite. Mais il se trompe de bout en bout ». Et d'avertir que « si Zapatero ne change pas de politique, il va lui arriver la même chose qu'à Gerhard Schröder ». L'ancien chancelier social-démocrate allemand s'était aliéné sa base en menant une profonde réforme du marché du travail (« l'Agenda 2010 »), ce qui lui avait coûté de précieux suffrages sur sa gauche lors des législatives. La chancelière conservatrice Angela Merkel avait pu en tirer parti.Gaëlle Lucas, à Madrid
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