Créée à Paris et engagée dans la vie intellectuelle française « Présence africaine » fait partie de notre histoire nationale.Une revue pour dénoncer le déni culturel et la violence coloniale »Comment avez-vous choisi d'aborder cette exposition ?Il me semblait important de bien préciser le contexte historique, politique et intellectuel de l'époque. Le début de l'exposition insiste par exemple sur les prémices de la négritude dans les années 1920. À cette période déjà, les Noirs d'Amérique, d'Afrique et d'Europe discutaient et débattaient à travers un certain nombre de revues politico-littéraires comme la « Revue du monde noir » de Paulette Nardal. « Présence africaine » est l'héritière de toute cette agitation.D'où proviennent les documents d'archives présentés ?Principalement des collections de « Présence africaine », du musée du quai Branly, des archives Michel Leiris et des Archives nationales d'outre-mer. La correspondance de Michel Leiris avec Alioune Diop aide notamment à saisir l'idée de « réseau » imaginée par ce dernier. On voit bien là que « Présence africaine » n'était pas juste une revue mais un ensemble d'instruments pour dénoncer le déni culturel, la violence coloniale et le racisme.Les combats de la revue sont-ils toujours d'actualité ?Même si les idées défendues par « Présence africaine » étaient contextuelles et que Barack Obama est aujourd'hui président des États-Unis, le racisme existe toujours et j'estime qu'il est important et nécessaire de rappeler qu'au XXe siècle, à l'époque de l'apartheid, de la colonisation ou de la ségrégation raciale, les Noirs ont pris la parole pour dénoncer leur situation. Et que cette revue ? créée à Paris et engagée dans la vie intellectuelle française d'après-guerre ? fait bel et bien partie de notre histoire nationale.sarah frioux-salgascommissaire de l'exposition et responsable des archives et de la documentation des collections à la médiathèque du musée du quai Branly.

latribune.fr

09 Nov 2009, 1:42

Partager :