exposition

L'identité retrouvée des artistes d'AbomeyLe Danhomè est un royaume disparu, mais pas oublié. Apparu au début du XVIIe siècle, il s'est éteint à la fin du XIXe dans la région sud de l'actuelle République du Bénin. De 1625 à 1900, quatorze rois s'y sont succédé, chacun apportant de nouvelles pierres à ces trésors aujourd'hui conservés et inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco : les palais d'Abomey.Pendant des siècles, le royaume du Danhomè ? dont la ville d'Abomey était la capitale ? encouragea et développa un art de cour exceptionnel. Pour mieux le comprendre, il faut s'attarder sur l'organisation très particulière de sa société qui repose sur trois éléments. Le roi tout d'abord. Figure quasi divine à la force absolue. Il est vénéré comme Sèmèdo (maître du monde), Aïnon (maître éminent de la terre), Dokunon (maître et possesseur de toutes les richesses) et Jehossou (roi des perles). La religion ensuite, qui préserve la quiétude des hommes, vivants ou morts. La hiérarchie enfin, avec la noblesse princière et les hauts dignitaires d'un côté, les esclaves et les roturiers de l'autre.Hégémonique et expansionnisteParce que leurs ?uvres étaient une démonstration de la prospérité du royaume, les artistes avaient, au sein de cette organisation, une place privilégiée. Leur savoir-faire se transmettant de père en fils, c'est alors toute la famille et leurs descendants qui se trouvaient sous la protection du roi. Le Danhomè étant d'une nature hégémonique et expansionniste ? faire en sorte que l'État soit « toujours plus grand et plus fort » était érigé en devoir sacré ? il n'était pas rare que les rois recrutent des artistes parmi leurs prisonniers de guerre afin de profiter d'un nouveau savoir-faire qui viendrait enrichir le royaume.Le travail effectué par Gaëlle Beaujean-Baltzer, conservatrice du musée du quai Branly, l'historien d'art Joseph Adandé et le conservateur du musée d'Abomey, Léonard Ahonon, a permis de tracer la généalogie de ces familles d'artistes de cour.Si l'exposition présente environ 80 objets (statuettes, trônes, portes décorées, plateau de divination?), les réserves du musée en contiennent plus de 300. Certaines tentures proviennent d'un cadeau diplomatique offert en 1856 par le roi Ghézo à Napoléon III en signe de bonne entente entre les deux nations. D'autres objets ? comme la statue dédiée au dieu de la guerre, Gou ? sont des butins de la guerre coloniale saisis à l'initiative des officiers. Un dernier grand ensemble est issu de la relation de confiance qui s'était établie dans les années 1930 entre un administrateur et ethnologue français, Bernard Maupoil, et Guédegbè ? alors centenaire ? qui fut le devin des rois Glèlè et Béhanzin à la toute fin du XIXe siècle.L'histoire de ces objets et des artistes qui les ont conçus s'est transmise à travers les siècles. Il aura fallu à la commissaire Gaëlle Beaujan-Baltzer un travail de presque huit ans pour analyser les documents, réunir les témoignages, comparer les discours. Mais le résultat est là. Ces ?uvres ont perdu l'anonymat qu'on leur avait longtemps imposé.Paire de tambours aux emblèmes royaux, fin XIXe siècle. Style fon.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.