La Chine met les bouchées doubles pour rattraper l'Occident

Depuis plus d'une décennie, l'empire du Milieu s'est lancé dans une course technologique effrénée vis-à-vis des pays industrialisés. Pékin supporte très mal les restrictions que lui imposent les États-Unis et les pays européens sur certaines exportations à haute valeur technologique. Les programmes engagés par la Chine « s'inspirent autant d'une volonté de maîtriser la souveraineté que de moderniser l'appareil productif », analyse le haut fonctionnaire Cyril Bouyeure, auteur d'une étude récente consacrée à la vigueur du rattrapage technologique de la Chine. Selon cet ancien coordonnateur ministériel à l'intelligence économique, Pékin dépendrait pour moitié du savoir étranger : « La réduction de cette dépendance, de 50 % à 30 %, est au centre de l'orientation nouvelle donnée à la politique d'innovation », écrit-il.Pour parvenir à cet objectif, Pékin mène une stratégie multiforme. Impossible pour un industriel occidental de conclure un accord commercial sans consentir des transferts de technologie. Lorsqu'une entreprise américaine ou européenne veut s'implanter sur le sol chinois, Pékin la soumet désormais à un tri très sélectif en matière de technologie. À l'inverse, l'appétit des groupes chinois pour les entreprises des pays riches s'explique non seulement par la conquête de parts de marché, mais aussi par l'accès à des brevets qui leur font défaut. « L'enseignement supérieur (...) est orienté de manière à contribuer à la stratégie de rattrapage : plus de 40 % des étudiants se destinent aux matières scientifiques et à l'ingénierie, soit deux fois la moyenne des nations industrialisées », explique l'auteur de l'étude.Mais la stratégie chinoise a aussi des aspects opaques. Selon le rapport de Northrop Grumman, l'un des leaders en matière de sécurité, « l'ampleur, la nature et la complexité » de certaines attaques informatiques « dirigées contre les États-Unis et, de plus en plus, vers d'autres pays, suggèrent fortement que ces actions sont soutenues, sinon pilotées, par le gouvernement ». Laurent Chemineau et Éric Chol
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