« La France préfère suivre l'Allemagne pour sauver la note ? triple A ? de sa dette »

STRONG>Ulrike Guérot, Directeur de recherches de l'European Council on Foreign Relations, BerlinL'Allemagne est-elle prête à un compromis sur le Pacte de compétitivité ?Sur le terrain de la solidarité, la coalition au pouvoir à Berlin n'a pas montré qu'elle était prête à de nouvelles aides financières, notamment sur le taux concédé pour l'aide à la Grèce. Quant au Pacte de compétitivité, l'Allemagne doit écouter le débat sur son utilité et sa faisabilité. Beaucoup d'économistes insistent sur le fait que les exigences allemandes, en termes de salaires ou de compétitivité industrielle, ne peuvent pas s'appliquer à tous les pays d'Europe. La question qui a surgi en Europe et que l'Allemagne doit se poser est de savoir si cette politique de compétitivité au niveau européen est la meilleure pour toute la zone euro. Évidemment, une des clés de l'évolution de la position allemande est l'évolution politique intérieure du pays. Car en Allemagne également, il y a débat sur la politique de modération salariale, par exemple. Quel peut être alors l'avenir de l'Union européenne (UE) ? Je suis évidemment inquiète et mon scénario est celui d'une « désintégration progressive » de l'UE. Avec la crise de l'euro, les barrages ont progressivement cédé, y compris en Allemagne où désormais il est devenu chic de critiquer l'Europe, ce qui n'était pas le cas auparavant. Le populisme a trouvé un terreau favorable dans la complexité de la crise qui échappe à la majorité de la population et qui préfère alors se retrancher derrière des images simples comme celle d'une Allemagne qui fait des efforts et doit payer pour les Grecs. Et c'est l'ensemble du continent qui est aujourd'hui aux prises avec ce phénomène, ce qui rend la situation globale de l'UE très difficile. Dans ce contexte, y a-t-il encore une place pour le couple franco-allemand en Europe ? Il est évident que l'ancien cliché selon lequel la France et l'Allemagne pouvaient à elles seules faire avancer l'Europe appartient au passé. L'opposition fondamentale entre une France, qui a accepté l'union monétaire dans l'optique d'une primauté du politique, et une Allemagne, qui avait une vision de comptable obsédée par la stabilité des marchés, n'a en fait jamais été dépassée. Elle apparaît aujourd'hui en plein jour alors que les générations de dirigeants n'ayant pas connu la guerre parviennent au pouvoir. Les initiatives sont certes communes, mais on sent bien qu'il n'y a plus de sève à cette coopération. Et si le Pacte de compétitivité a été officiellement une proposition franco-allemande, c'est surtout parce qu'une proposition de la seule Allemagne aurait été mal vue en Europe. Quant à la France, elle préfère suivre l'Allemagne pour sauver la note « triple A » de sa dette .Propos recueillis par Romaric Godin, à Francfort
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