La crise de l'euro, jumelle de celles qui ont ravagé le Système monétaire européen

La semaine qui vient de s'écouler restera dans l'histoire monétaire comme l'une des plus houleuses de l'ère des changes flottants. L'annonce d'un plan de sauvetage chiffré mis en place durant le week-end du 1er mai par l'Union européenne et le FMI n'aura calmé les marchés que l'espace d'une demi-journée. Après avoir repris son souffle, l'euro va se retrouver sous les coups de boutoir de la spéculation. Il perd en quatre séances 6,5 % de sa valeur face au dollar, pour chuter au plus bas dans les transactions dans la soirée de jeudi jusqu'à 1,2530, du jamais-vu depuis mars 2009. Cela porte à 20,5 % la dévalorisation de la monnaie unique depuis ses points hauts de l'an dernier atteints fin novembre. Une dépréciation accélérée par la prolifération de rumeurs, laissant redouter une contamination de la crise grecque au Portugal, à l'Espagne, dont on annonçait une demande de plan d'aide imminente de 280 milliards d'euros mercredi et le lendemain de l'Italie. L'euro s'est à peine ressaisi à la veille du week-end malgré les tentatives d'apaisement émanant des protagonistes du G7, au lendemain des prises de position de la BCE et du FMI affirmant qu'un défaut de paiement de la Grèce était « hors de question ».Il faut dire que l'annonce de la création de 290.000 emplois aux États-Unis en avril, la plus forte hausse depuis quatre ans, a encore renforcé l'attrait retrouvé du dollar. Néanmoins, en fin de semaine, les spéculateurs ont eu une autre proie à se mettre sous la dent, laissant un petit répit à l'euro?: la livre sterling est tombée à son plus bas niveau depuis un an face au dollar, cédant quatre figures d'un coup, pour refluer jusqu'à 1,4475. Victime de la perspective d'entrée en fonction d'un nouveau Parlement sans majorité absolue après les élections générales de jeudi. Elle n'a dû qu'au bon vouloir très inhabituel des fossoyeurs des marchés, de ne pas sombrer plus bas. Les agences de notation Moody's et Standard and Poor's ont annoncé vendredi maintenir la note souveraine de la Grande-Bretagne à AAA.raisons d'espérerLa crise qui secoue la zone euro rappelle de mauvais souvenirs mais si l'histoire peut servir de leçon, elle donne aussi des raisons d'espérer que la spéculation ne sortira pas vainqueur de ce bras de fer avec les États. Car elle ressemble comme une soeur à celle qui avait secoué le mécanisme de change du Système monétaire européen en 1992, dans les mois suivants la signature du traité de Maastricht. Ce sont successivement la peseta espagnole, la livre sterling et la lire italienne qui avaient été boutées hors du SME à la fin de cet été meurtrier. L'objectif des spéculateurs n'était autre que d'empêcher la construction de l'Europe monétaire. Malgré la nouvelle crise de 1993, l'euro naîtra en 1999. C'est à l'euro qu'ils s'attaquent aujourd'hui, en testant ses capacités de résistance.Isabelle Croizard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.