La Grande-Bretagne attend toujours son nouveau gouvernement

Quatre jours après les élections législatives, la Grande-Bretagne ne sait toujours pas qui seront ses prochains dirigeants politiques. Malgré un week-end de négociations, les conservateurs et les libéraux-démocrates n'avaient pas encore trouvé d'accord, dimanche en fin d'après midi, pour former la coalition qui pourrait prendre les rênes du pays. Gordon Brown, l'actuel Premier ministre, demeure donc ? pour l'instant ? officiellement dans son fauteuil. Usant d'humour, le « Sun » a résumé la situation samedi : « Un squatteur à Downing Street. Un homme, 59 ans, squatte une résidence de luxe à proximité de la Chambre des communes. »Certes les conservateurs, arrivés en tête du scrutin, demeurent les favoris pour mener un gouvernement. Mais il leur manque une vingtaine de sièges pour obtenir la majorité absolue, et doivent passer une alliance avec les libéraux-démocrates, qui ont obtenu 57 sièges. David Cameron et Nick Clegg, les leaders de ces deux partis, se sont rencontrés plus d'une heure samedi. Dimanche, leurs équipes respectives ont poursuivi les négociations.positions opposéesDifficiles ? A priori, tout éloigne les deux partis. Les libéraux-démocrates sont très pro-européens, en faveur d'une amnistie pour les immigrés clandestins et envisagent d'abandonner la dissuasion nucléaire. Des positions opposées à celles des conservateurs sur ces dossiers. Les deux partis divergent aussi sur le projet de réforme électorale, un point clé des négociations (lire ci-dessous).Pourtant, il est dans leur intérêt commun de trouver un accord, particulièrement du fait des inquiétudes des marchés financiers. Le déficit britannique atteint 12 % du PIB, et lib-dems et conservateurs sont d'accord sur la nécessité d'agir rapidement pour le réduire. « Nous savons ce qui se passe dans l'eurozone et en Grèce, et nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une situation où nous n'aurions pas un gouvernement le plus rapidement possible », estime Michael Gove, un ténor des conservateurs.Pour trouver un terrain d'entente, l'une des solutions entre les deux partis serait de nouer une simple « alliance » et d'éviter une coalition trop formelle. Les lib-dems soutiendraient les conservateurs sur les principaux textes soumis à la Chambre des communes ? budget, discours de politique générale de la reine, possible motion de défiance... ?, mais garderaient leur liberté pour le reste. Ils seraient alors privés de ministres au gouvernement, mais bénéficieraient de compromis sur certaines réformes clés.Si ce scénario échoue, il reste la possibilité aux libéraux-démocrates de se tourner vers Gordon Brown. Celui-ci a clairement annoncé vendredi qu'il était prêt à négocier avec Nick Clegg. Les libéraux-démocrates étant plutôt de centre-gauche, un tel accord serait mieux accepté par la base du parti. Mais ce scénario se heurte à deux obstacles. D'une part, les libéraux-démocrates seraient alors considérés comme les « sauveurs » de Gordon Brown, Premier ministre très impopulaire. D'autre part, l'addition des sièges lib-dems et travaillistes ne suffit pas à obtenir une majorité absolue. Il faudrait ajouter les neuf sièges des indépendantistes écossais et gallois pour y arriver. Cela rendrait la coalition bancale.Les négociations peuvent donc encore durer plusieurs jours. Le Parlement ne se réunit que dans deux semaines. Laissant le temps pour de nombreux rebondissements. A moins que les marchés financiers n'attaquent la livre sterling et poussent à une décision rapide.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.