Jean-Pierre Blanc, militant du commerce équitable

S'il en a ? souvent ? le discours et l'allure, Jean-Pierre Blanc n'est pas un père missionnaire. Son credo?? Le commerce équitable. Ce torréfacteur azuréen s'y est officiellement converti en 1997 en lançant le café des petits producteurs labellisé Max Havelaar. À dire vrai, le concept avait déjà trouvé grâce à ses yeux, cinq ans plus tôt. Il avait suffi d'une rencontre avec un père franciscain, Francisco Van der Hoff, le fondateur du mouvement Max Havelaar. « Sa démarche était totalement inconnue à l'époque », rappelle le patron de Malongo. Dix-sept ans plus tard, 43 % du café vert acheté par l'entreprise est issu de plantations bénéficiant de ce label phare. Et son directeur général assure que la crise financière a encore renforcé sa conviction?: « L'accumulation de profits n'a d'intérêt qu'à condition d'assurer un développement économique durable. » D'un naturel plutôt calme, ce sexagénaire jovial peut aussi s'emporter. Parlez-lui d'Haïti, par exemple, et son passé d'étudiant en journalisme refait alors surface. Son entreprise achète du café à deux coopératives haïtiennes, mais elle finance également dans l'île plusieurs programmes de développement. Après le tremblement de terre, il s'est rendu sur place. « La façon dont s'organise la reconstruction d?Haïti me met en colère. Il ne s'est rien passé depuis sept mois. À Port-au-Prince, il n'y a que des experts internationaux et des ONG, mais personne pour prendre une pelle et une pioche. Ce n'est pas l'argent qui manque. Mais il n'est utilisé qu'à rédiger des rapports qui termineront sur des étagères. Ou alors c'est Monsanto qui fait son cinéma en donnant 475 tonnes de semences hybrides dont les paysans ne veulent pas. Tout cela, c'est une insulte au peuple haïtien. » Le patron de Malongo ne fait pas que disserter sur les bienfaits du commerce équitable, alternative de bon aloi à un libéralisme sans foi ni loi, qui, dit-il, « a explosé en plein vol ». Depuis 1980, date à laquelle il a pris les rênes de l'entreprise, Jean-Pierre Blanc arpente les plantations du monde entier en quête de producteurs répondant à un double critère?: une organisation coopérative soumise aux règles strictes de redistribution des bénéfices qu'impose le label Max Havelaar et un café à son goût. Car s'il défend bec et ongles la cause, cet expert-comptable n'en reste pas moins un patron soucieux de performances financières. Pour cette filiale d'une entreprise familiale belge, le café issu du commerce équitable a été et reste un formidable exhausteur d'image. On comprend donc pourquoi il s'agace quand ses concurrents s'autorisent à pousser la chansonnette sans respecter ni la mélodie ni les paroles?: « Il ne suffit pas de s'acheter un logo pour faire du commerce équitable. » Prudent, il ne cite personne. Craint-il pour autant ces rivaux qui donnent dans le « fair » sans vraiment le faire?? « Gare à l'effet boomerang, prévient-il. Le consommateur n'est pas dupe. Il sait faire le distinguo entre les entreprises sincères et les autres. » Pour Jean-Pierre Blanc, le commerce équitable ne peut pas s'arrêter aux portes des plantations avec lesquelles il travaille. Cette logique doit également irriguer la vie même de son entreprise. Sans label et sans certificateur, il y applique donc des règles d'équité qui, pour lui, vont de soi. « On ne peut pas être choqué par les fortes disparités de revenus dans les pays producteurs de café et ne pas s'en soucier dans sa propre entreprise. Chez Malongo, le Smic est à 1.500 euros. » Et pour lui-même?? « J'ai une rémunération fixe et une part variable. Comme les autres cadres dirigeants. 2009 n'a donc pas été excellent mais personne ne m'a fait de reproches. » n? Demain, entretien avec Jean-Claude Dumortier, PDG de Foncière Paris France France.
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