Vivendi cherche sa croissance au Brésil

Une pure coïncidence. La récente visite de Nicolas Sarkozy au Brésil n'a « aucun lien » avec l'annonce d'une OPA amicale de Vivendi sur l'opérateur brésilien GVT, assure Jean-Bernard Lévy, président du directoire du géant français de la communication. Les deux entités ont annoncé une offre publique d'achat amicale du français sur le brésilien, portant sur 100 % des actions. C'est directement le holding Vivendi, et non sa filiale télécoms SFR qu'il ne détient qu'à 56 %, qui mène l'opération. Elle s'inscrit dans la stratégie annoncée par Vivendi dont les marchés historiques sont matures, et qui, à plusieurs reprises, s'est déclaré prêt à saisir les opportunités dans les pays émergents. Si tant est que le prix soit « correct ».GVT est un opérateur fixe et haut débit qui connaît une croissance à deux chiffres depuis trois ans. Il a réalisé 800 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2008, pour une marge opérationnelle ajustée de 300 millions de dollars. Mais avec seulement 2,3 millions de lignes en service fin juin, GVT est encore un petit poucet à côté du géant Brasil Telecom : il ne détient pour l'instant que 5 % de part de marché au pays de Lula, et aura besoin de lourds investissements pour financer le développement de son réseau.Vivendi propose 42 reals par action, soit une prime de 16 % par rapport au dernier cours coté du titre GVT. Ce qui valorise la société à environ 2 milliards d'euros. Il convient d'y rajouter une dette de 108 millions d'euros. «  C'est un prix raisonnable pour un actif en très forte croissance », estime Jean-Bernard Lévy. Selon les analystes d'Oddo, le prix payé par rapport aux marges opérationnelles est cependant relativement élevé. L'action Vivendi a cédé hier en clôture 2,40 % à la Bourse de Paris, tandis que celui de GVT bondissait de 17,71 % en séance à la Bourse de São Paulo. L'opération serait néanmoins compatible avec la volonté affichée de Vivendi de conserver la même politique en matière de dividende et de maintenir sa notation à BBB, d'après un analyste de CM-CIC Securities.« Cet été, nous avons regardé d'autres dossiers. Au Mali, le prix était convenable. Dans un autre dossier, le prix ne l'était pas et nous avons donc passé notre chemin », confirme Jean-Bernard Lévy. Après quelques semaines de discussions, Vivendi avait en effet renoncé à acquérir les actifs africains de Zain, l'opérateur koweïtien. Le dossier GVT n'est cependant pas bouclé. Les négociations ont débuté cet été et l'OPA reste soumise à de nombreuses conditions. D'abord, l'offre ne sera valable que si Vivendi récupère au moins 51 % des parts de GVT à l'issue de l'opération. Ensuite, les autorités de régulation brésiliennes ainsi que les conseils d'administrations des deux groupes devront valider le projet avant le 16 octobre. D'ici là, Vivendi auditera les comptes de sa cible. Vivendi estime que toutes les conditions préalables au lancement de l'opération devraient être remplies « d'ici à la fin de l'année ». Shaul Shani et Amos Genish devraient rester respectivement président et directeur général de la société.Selon Vivendi, les hollandais Swarth et Global Village Telecom, fondateurs et actionnaires de contrôle de GVT, ont donné leur accord mardi pour vendre 20 % du capital de GVT à Vivendi. Ils en détiennent 30 % au total. « Ce bloc de contrôle était en train de préparer le reclassement de 20 % des actions de GVT sur le marché. Ce groupe d'actionnaires a finalement accepté de nous les vendre », précise Jean-Bernard Lévy. Ces actionnaires se sont également engagés à lever ? uniquement pour l'offre Vivendi ? les dispositifs anti-OPA qui figurent dans les statuts de GVT. Une contre-offre d'acteurs déjà présents au Brésil, comme Telefonica, semblerait donc délicate. n
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