Les frais universitaires britanniques vont doubler

Des pancartes. Des bâtons. Des boules de billard. Les projectiles contre la police volent de partout sur la place de Westminster, face à la chambre des communes. Pour la quatrième fois en un mois, les étudiants britanniques sont descendus en masse pour protester contre le doublement des frais d'inscription à l'université. Plusieurs dizaines de milliers sont venus exprimer leur colère, pour des manifestations qui ont conduit cette fois encore à une série d'échauffourées.La plupart des manifestants sont déjà des étudiants et ne seront pas touchés par la réforme, qui entrera en vigueur en septembre 2012. Mais de nombreux lycéens sont venus les rejoindre, avec cette peur au ventre, résumé par Michael, 16 ans : « je ne pourrai plus me payer des études ».La réalité est plus complexe. Si les députés britanniques ont voté ce jeudi pour le doublement des frais universitaires, à 7.000 euros par an (voire un triplement, à 10.000 euros, pour les meilleures universités), personne n'aura à débourser un seul centime pendant ses études. Les frais seront avancés par l'État, et ils seront remboursés par les étudiants après avoir obtenu leur diplôme et un emploi : ils paieront au rythme de 9 % de leur salaire (au-dessus de 25.000 euros). Système « progressiste »Le système se veut donc « progressiste », et en principe ne doit pas dissuader les plus pauvres de faire des études. En moyenne, rappelle le gouvernement britannique, une personne qui a obtenu un diplôme universitaire gagne 120.000 euros de plus dans sa vie qu'un actif ayant quitté l'école à 18 ans. Financièrement, aller à l'université devrait donc être « rentable ». Le problème est que pour Michael et ses amis, du haut de leurs 16 ans, l'idée de commencer leur vie professionnelle avec une dette d'environ 30.000 euros n'est guère séduisante, d'autant que le remboursement peut prendre jusqu'à trente ans. Autre sujet de mécontentement, il s'agit d'une décision délibérée de la coalition de faire porter un poids disproportionné de l'austérité budgétaire sur le système universitaire. Le gouvernement a prévu de réduire de 40 % son financement des universités (sur quatre ans), soit un coup de massue trois fois plus important que les coupes pratiquées en moyenne dans les budgets des autres ministères.Politiquement enfin, l'augmentation des frais universitaires est explosive pour les libéraux-démocrates, qui avaient promis pendant la campagne électorale au printemps de ne pas y toucher. Une douzaine de députés du parti ont donc voté contre la réforme. Le problème est d'autant plus aigu que le ministre en charge de l'Éducation supérieure est Vince Cable, un poids lourd des libéraux-démocrates. Sept mois après sa création, la coalition britannique connaît ainsi ses premières vraies tensions. Ce n'est qu'un début : l'essentiel des coupes budgétaires n'est pas encore entré en vigueur...x
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