Les exportations freinées par la morosité européenne

En annonçant la veille que le commerce extérieur français s'était réduit de 10 % cette année, Anne-Marie Idrac, la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur, avait annoncé la couleur. En effet, les chiffres publiés ce mercredi par les Douanes sont loin d'être réjouissants. En octobre, le déficit commercial de la France s'est creusé à 4,389 milliards d'euros contre 2,803 milliards en septembre, portant à 41,8 milliards le déficit cumulé du commerce extérieur sur les douze derniers mois.Cette contre-performance s'explique par l'augmentation de 3,9 % des importations, concomitante à une baisse de 1,3 % des exportations (par rapport à octobre 2008, elles baissent de 12,3 %). Concrètement, c'est la résistance de la consommation des ménages français conjuguée au comportement de fourmis de ses principaux partenaires européens qui plombent la balance commerciale tricolore.Seule bonne nouvelle, celle-ci affichera un déficit en repli cette année. Une première depuis 2003. Pour mémoire, la France avait affiché un déficit record de 55,7 milliards en 2008. Cette amélioration des comptes extérieurs de la France trouve essentiellement son origine dans la franche diminution de la facture énergétique. « Celle-ci s'élève à 32,8 milliards d'euros sur les dix premiers mois de l'année, ce qui traduit un allégement de plus de 17 milliards par rapport à 2008. Cette réduction du déficit énergétique est logique, dans la mesure où le cours du pétrole sur cette dernière période a été, en moyenne, de 45 % inférieur à celui de 2008 et, en plus, l'activité industrielle, grande consommatrice d'énergie, a freiné brutalement cette année », explique Alberto Balboni chez Xerfi. Cette baisse du déficit n'est donc pas le résultat d'une soudaine amélioration de la compétitivité des entreprises françaises dans l'Hexagone et à l'étranger.Les chiffres communiqués par les Douanes confortent les économistes qui ne prévoient pas d'issue rapide à la crise. « Le scénario de croissance en W que nous craignons depuis le printemps dernier est en train de se réaliser », constate Nicolas Bouzou chez Asterès. Mauvaise habitudeUn scénario dans lequel des augmentations et des diminutions de l'activité se succèdent alternativement. Reste à savoir quelle sera la pente de la dernière branche de ce fameux W. Si elle remonte vers les sommets, la sortie de crise sera forte. Dans le cas inverse, la France reprendra sa sale habitude prise depuis le début de la décennie d'afficher une croissance désespérément molle, comprise entre 1 % et 2,5 % dans le meilleur des cas. n
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