Alcatel-Lucent : Matignon « ne comprend pas bien la stratégie »

Il y a urgence. Alcatel-Lucent doit finaliser avant la fin du mois l’accord d’engagements annoncé mi-décembre avec Goldman Sachs et Credit Suisse portant sur des facilités de crédit de 1,6 milliard d’euros. Problème : ce prêt est garanti sur les actifs du groupe, en particulier les précieux brevets des Bell Labs (29.000). Ce prêt, dont « le gouvernement a été informé au dernier moment » était au cœur des discussions, mercredi soir à Matignon entre l’intersyndicale de l’équipementier télécoms et la direction du cabinet du Premier ministre, selon le communiqué des syndicats. « Le gouvernement se donne jusqu’à la fin du mois pour trouver une autre solution » et a confirmé « qu’il cherche des pistes financières alternatives au prêt Goldman Sachs » affirme l’intersyndicale. Le gouvernement « ne comprend pas bien la stratégie d’Alcatel-Lucent en Europe et en France » rapportent les syndicats CFDT, CFE-CGC et CGT, qui ont rappelé « les risques de démantèlement liés au contrat de prêt (cessions d’actifs, brevets, contrôle trimestriel, taux d’intérêts et frais financiers très élevés). »Le rôle du FSI pas évoqué officiellement Inquiet du devenir de certains actifs stratégiques « comme par exemple les câbles sous-marins, le gouvernement étudie la possibilité d’une protection légale pour les sortir du risque présenté par le prêt gagé » expliquent les délégués syndicaux qui reconnaissent ne pas avoir « d’informations concrètes à ce jour. » Le 14 décembre, Alcatel-Lucent avait annoncé à la surprise générale que les facilités de crédit seraient « garanties, entre autre, par le portefeuille de propriété intellectuelle » du groupe. Le directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault, Christophe Chantepy, et son adjointe, Odile Renaud-Basso, n’ont pas évoqué explicitement un rôle éventuel du Fonds stratégique d\'investissements (FSI), pour entrer directement au capital d’Alcatel-Lucent (la CDC possède déjà 3,5%) ou participer au rachat de l’activité de câbles sous-marins. Cette piste, évoquée par le cabinet de Fleur Pellerin dès l’annonce du prêt à la mi-décembre, serait toujours envisagée, selon l’Agefi. Le quotidien financier en ligne croit savoir que le FSI examine le dossier de rachat de la filiale de câbles optiques et pourrait participer à un tour de table, dans le cadre d\'une opération estimée entre 600 et 700 millions. Des discussions seraient en cours « avec différents investisseurs. » Les analystes d’Oddo valorisent les actifs d’optique sous-marine à près de 700 millions d\'euros.Empêcher « une mise sous tutelle par Goldman Sachs » L’intersyndicale a demandé au gouvernement « de tout faire pour empêcher la mise en œuvre de ce montage anxiogène avec Goldman Sachs et Crédit Suisse. » Aux yeux de Hervé Lassalle, délégué central CFDT, « Goldman Sachs nous mettrait sous tutelle, nous marquerait à la culotte tous les trimestres et pourrait mettre la main sur les brevets si on ne rembourse pas le prêt selon les covenants. » La crainte de la CFDT est même « Alcatel-Lucent risque de disparaître à son tour si rien ne se fait, de mettre la clef sous la porte d’ici trois ans. » Mais Matignon n’a « aucune alternative bancaire » selon le syndicat. Le gouvernement est conscient que ses leviers sont limités à l’égard d’un groupe privé, coté en Bourse, et « les relations entre la direction générale du groupe et le gouvernement ne sont pas des meilleures » observent les syndicats. Ces derniers sont actuellement réunis en comité central d\'entreprise (CCE) pour examiner le plan social portant sur 5.490 suppressions de postes dans le monde dont 1.353 en France (sur des effectifs de 9.000 dans l’Hexagone).  
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