La hausse des prix des aliments contestée dans la rue

Faut-il craindre le retour des émeutes de la faim qui avaient meurtri l'hiver 2008 ? Les prix flambent. Les cours du blé ont gagné 80 % depuis six mois, le sucre 45 % et l'huile de palme 60 %. L'Algérie a renoué avec un calme précaire après plusieurs nuits d'émeutes contre la hausse du coût de la vie. Et c'est justement la brusque inflation des prix du pain, du lait ou de l'huile qui a provoqué cette violence, qui a fait au moins 5 morts et 800 blessés. En Inde, c'est la hausse des prix de l'huile de palme qui inquiète les autorités.Ces événements mis bout à bout font ressurgir les fantômes des dramatiques émeutes de la faim de l'hiver 2008. L'indice des prix des produits alimentaires de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture (FAO) a atteint en décembre un plus-haut historique. Cet indice mesure les variations de prix d'un panier de produits incluant céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre. Et la hausse des prix ne fait probablement que commencer (voir ci-contre).« Nous nous orientons en ce début d'année 2011 vers une poursuite de la hausse des cours des matières premières agricoles, hausse alimentée également par la demande chinoise qui ne faiblit pas et par les craintes de sécheresse qui se profilent maintenant sur l'Argentine », estime Agritel, une société spécialisée sur les marchés agricoles. Les cours du blé pourraient même atteindre 300 euros la tonne dans le courant de l'année. Du jamais-vu ! Pour les pays d'Afrique du Nord, tels l'Égypte, la Libye, l'Algérie ou le Maroc, la situation est explosive. Non seulement, ces pays sont parmi les plus gros importateurs de céréales au monde, mais ils font également face à une situation sociale dégradée. Ce n'est pas un hasard si le gouvernement libyen entend ainsi, selon l'AFP, « supprimer les droits de douane et toute autre taxe sur les produits alimentaires ».Les prix du riz sous contrôle« La situation est tendue mais elle diffère de la crise de 2008 sur un point important : les prix du riz demeurent sous contrôle », explique Bernard Bachelier, président de la Fondation Farm. En 2008, c'est la flambée des cours du riz, base de l'alimentation dans de nombreux pays d'Asie du Sud-Est et d'Afrique, qui avait déclenché des émeutes de la faim. Craignant une pénurie, plusieurs pays exportateurs comme la Thaïlande ou le Vietnam avaient imposé des quotas sur les exportations accentuant encore un peu plus la hausse des prix.La FAO est, cette fois-ci, moins alarmiste (voir ci-contre). « La situation est assez tendue, expliquait récemment la FAO. Mais elle est très différente de celle de 2008, car les récoltes en 2009-2010 ont été excellentes dans les pays pauvres, surtout en Afrique subsaharienne et sur le continent asiatique. Pour l'instant, la sécurité alimentaire n'est pas en danger. » Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, comme le Mali ou le Burkina Faso, ont continué de subventionner engrais pour la culture du riz ou du maïs. Mise en place après la crise de 2008, cette politique commence à porter ses fruits d'autant qu'elle a bénéficié d'un petit coup de pouce du ciel. Les pluies ont été abondantes dans le Sahel. « Le Mali n'importera pas de céréales cette année », explique Bernard Bachelier.
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