Les bons comptes de Goldman en Grèce

Si, actuellement, le rôle des hedge funds est dénoncé dans les déboires de la Grèce, du Portugal ou de l'Espagne, Goldman Sachs joue pourtant sur tous les fronts. D'une part, ses hedge funds parient contre ces trois pays depuis une semaine. D'autre part, elle occupe un rôle important de teneur de liquidités sur le marché des « credit default swaps », ces contrats à terme servant à se couvrir contre le risque de défaut d'un pays ou d'une entreprise. En parallèle, elle aide aussi ces pays pour placer leurs nouveaux emprunts d'État. Mardi, le gouvernement portugais a annoncé que Goldman, et d'autres institutions financières, avaient été mandatées pour sa prochaine émission obligataire à 10 ans.Le magazine allemand « Spiegel » a également souligné qu'en 2002, Goldman Sachs avait aidé la Grèce à masquer sa dette réelle, grâce à des dérivés. À l'époque, les banques d'investissement avaient mis sur le marché des produits financiers complexes, des « cross-currency swaps », permettant aux gouvernements de reporter leur passif dans le futur. La transaction est autorisée et utilisée dans une procédure normale de refinancement public. Les États peuvent émettre leur dette dans leur devise, l'échanger contre une dette dans une autre devise grâce aux swaps, pour la reconvertir dans leur monnaie à une date déterminée. Dans le cas grec, Goldman Sachs a créé, selon « Spiegel », un produit spécial avec des cours de change fictifs pour permettre au pays d'empocher une plus grande somme qu'avec le mécanisme habituel. La Grèce aurait reçu près de 1 milliard de dollars de crédit supplémentaire grâce à cette transaction. Toutefois, au moment de reconvertir sa dette dans sa devise d'origine, ce mécanisme alourdit la dette du pays. Selon le magazine, Goldman Sachs a prélevé sur l'opération une importante commission.Pompier-pyromane La banque d'investissement a déjà joué le pompier-pyromane dans le passé. Et ces épisodes ne sont pas si lointain. Lors de la crise des subprimes, elle avait déjà conseillé à sa clientèle d'acheter des dettes collatéralisées (les CDO), tout en jouant dans le même temps à la baisse sur ces derniers. Elle a également été épinglée dans la débâcle d'AIG. La compagnie d'assurances proposait de nombreux CDS permettant de se couvrir contre le défaut des CDO. Lorsque ces derniers ont vu leur valeur chuter à virtuellement zéro durant la crise, AIG s'est retrouvée à devoir assurer le paiement de ces contrats. Goldman Sachs a été piégé dans cette débâcle, mais la banque avait aussi créé ces difficultés en rabattant massivement ses clients, mais aussi les autres banques, sur ce marché de dérivés opaque.Jennifer Nille, à Bruxelles (« L'Écho »)
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