L'Italie hors des sentiers battus

Un jour ils en ont eu assez. Assez de suivre l'immuable parcours balisé du voyage en Italie. Ce jour-là, au mitan du XIXe siècle, les peintres européens ? Édouard Manet en tête ? ont déserté Rome et la Toscane pour d'autres villes, passé moins de temps dans les musées et les ateliers pour investir les ruelles de Venise ou des villages du pays, des tubes de couleur dans une main, un appareil photo dans l'autre. Et de découvrir une lumière à nulle autre pareille, des paysages d'une beauté à couper le souffle, des couleurs aux éclats de feu. C'est cette histoire de « désertion » que raconte aujourd'hui le musée des Beaux-Arts de Nantes dans une exposition malheureusement inégale, riche d'une centaine de tableaux, dessins ou sculptures. Inégale parce que des chefs-d'oeuvre côtoient ici des oeuvres oubliables, dans un parcours pas toujours très clair malgré les cartels qui accompagnent les pièces exposées. On passera donc sur les tenants de l'académisme ou les copies de maîtres anciens ennuyeuses au possible, même quand elles sont signées Gustave Moreau. Direction Venise où Signac, le maître du pointillisme, a posé son chevalet, s'arrêtant sur les bateaux du port pour immortaliser par exemple cette « Voile jaune » en 1904. Une toile sucrée, dominée par le mauve, le vert ou le jaune. Claude Monet, lui, joue avec le reflet des gondoles sur une eau verte irisée de mauve, presque fauve. La mer attire aussi Renoir dans la baie de Salerne dont il capte le vent sur les arbres.harmonie de verts et de bleusChaque peintre apporte son monde avec lui en Italie. Avec leurs couleurs franches, contrastées, parfois criardes, les deux oeuvres de Kandinsky (« Pont du Rialto », et « Venise n° 3 ») renvoient à l'art populaire russe. « L'Italienne » (1913) de Derain a les traits des masques africains. Ce même personnage inspire à Van Gogh ? qui n'a jamais traversé les Alpes ? l'une des plus belles toiles de l'exposition. Une oeuvre portée par une touche épaisse et énergique, éclairée par un fond jaune qui emprunte l'or des primitifs italiens.Mais c'est surtout Maurice Denis que l'on découvre ici sous son meilleur jour. Tout l'inspire en Italie. Milan, un soir de guerre en 1916, où la cathédrale est plongée dans l'ombre tandis que le ciel irradie. Et puis il y a cette vue de Fiesole, petit village de Toscane saisi du haut d'une colline piquée de cyprès et d'oliviers. Ici tout n'est qu'harmonie de verts et de bleus. Et cela traduit à merveille la quiétude et la sérénité des lieux. n« Fascinante Italie, de Manet à Picasso 1853-1917 », au musée des Beaux-Arts de Nantes jusqu'au 1er mars. Tél. : 02.51.17.45.00. Catalogue : Gallimard, 192 p., 30 ?.
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