Le Brésil prêt à remonter ses taux pour calmer l'inflation

Le Brésil était parvenu à la fin de l'année dernière à mettre quelque temps en veilleuse les flux spéculatifs sur ses marchés financiers, mais une autre menace se profile déjà à l'horizon : l'inflation. Comme la Chine, et l'Inde, le géant sud-américain, dont le taux de croissance pourrait atteindre 5,3 % cette année, fait l'objet de pressions inflationnistes grandissantes. « Depuis 2007, le Brésil enregistre un effet de base négatif de ses exportations de matières premières dans son PIB. En d'autres termes, 80 % du PIB brésilien est généré par la demande interne », commente un économiste. Or, cette demande repart. Et au cours du mois de janvier, le niveau de l'inflation a dépassé pour la première fois depuis juin l'objectif que s'était assigné la banque centrale, à savoir 4,59 %, contre 4,5 %. Aussi léger soit-il, ce premier signal n'en est pas moins pris très au sérieux au Brésil. Selon certains experts, il laisse présager un taux d'inflation à 6 % d'ici octobre, le mois de l'élection présidentielle. Dans ses minutes, fin janvier, la banque centrale s'est dite prête à « ajuster rapidement » sa politique monétaire si nécessaire. Après avoir mené ses taux directeurs à un plus-bas historique de 8,75 % depuis juillet, l'institut n'exclut plus un revirement.influence politiqueDans ce contexte, plusieurs grandes banques brésiliennes ont déjà révisé leur jugement, estimant que le prochain relèvement de taux pourrait avoir lieu plus tôt que prévu. À savoir dès le prochain comité de politique monétaire le 18 mars, ou le 28 avril. À moins que d'autres paramètres interfèrent dans cette décision. « Dans ce dossier, l'influence politique n'est pas négligeable, estime Lionel Bernard, gérant chez Crédit Agricolegricole AM. « Le président de la banque centrale, Henrique Meirelles, compte postuler à la vice-présidence du Brésil à l'occasion de l'élection présidentielle d'octobre prochain, ce qui va l'obliger à quitter ses fonctions six mois avant, vers avril. Pour cette raison, les taux pourraient rester stables d'ici là. » Quel que soit le calendrier, la courbe des taux locale laisse pour l'heure apparaître un resserrement monétaire de l'ordre de 350 points de base cette année. « La communauté financière, de son côté, s'attend plutôt à une hausse comprise entre 200 et 250 points de base, ce qui est un peu au-dessus de nos propres estimations », estime Lionel Bernard.
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