Négociations salariales très tendues en Allemagne

Une fois n'est pas coutume, la gare centrale de Francfort, la plus active d'Allemagne, avait, ce jeudi matin, des allures de gare Saint-Lazare des grands jours de grève. Des quais noirs de voyageurs perplexes et un peu perdus, des agents d'informations débordés et des tableaux d'affichage annonçant des « trains supprimés » et des retards allant jusqu'à plus d'une heure dans certains cas. Pour la quatrième fois en deux semaines, les conducteurs de trains du syndicat GDL ont en effet débrayé. Le travail a ainsi été stoppé dès mercredi soir dans le fret et pendant 6 heures, de 4 à 10 heures, sur l'activité de voyageurs. Selon les chemins de fer allemands, la Deutsche Bahn (DB), 60 % des conducteurs de train ont suivi le mouvement, empêchant la circulation d'un tiers des convois grandes lignes prévus et retardant 80 % des trains.Nerf de la guerreLa GDL défend deux revendications. D'abord, la mise en place d'un salaire négocié commun à l'ensemble des conducteurs, qu'ils soient salariés de la DB (c'est le cas pour les trois quarts d'entre eux) ou de l'un de ses six grands concurrents (dont les Français Keolis et Veolia). L'écart entre les rémunérations peut atteindre 30 %. Ensuite, la GDL réclame une augmentation de salaire de 5 % pour cette année. Pour le moment, la négociation est au point mort. Face à la direction de la Bahn qui juge « absurde » l'action du syndicat, ce dernier joue l'escalade. Il a ainsi refusé toute négociation, et en s'attaquant désormais au fret, il touche le nerf de la guerre non seulement de la DB, mais de l'ensemble de l'économie allemande qui exporte beaucoup par le rail vers les ports de la mer du Nord. Cet exemple ferroviaire montre que les revendications salariales se durcissent outre-Rhin. D'autant qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé. Voici une semaine, 22.000 employés régionaux (Länder) avaient cessé le travail et manifesté dans six États fédérés. Après trois tours de négociations, les exécutifs régionaux refusent toujours la hausse de 3 % des salaires avec une prime de 50 euros réclamés par le syndicat Ver.di. La tension ne semble pas à la détente non plus dans les télécoms, où ce jeudi, les négociations ont échoué. Les salariés réclament une hausse de 6,5 % contre 2,2 % proposé par le patronat. Dans la chimie, où le syndicat IGB veut une augmentation de 7 % des rémunérations, le blocage est également complet. Et l'on n'ose imaginer que la revendication dans le BTP d'une « juste revalorisation » de 5,9 % des salaires sera acceptée par les chefs d'entreprise. Plus que jamais, la volonté des salariés de toucher les fruits de l'envol de l'économie allemande se fait plus pressante.
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