Gemalto fait figure de proie potentielle pour les géants du logiciel

L'histoire actuelle du français Gemalto, qui a présenté ses résultats annuels ce mercredi, c'est l'inverse de celle de son compatriote Ingenico. Alors que ce dernier, leader mondial des terminaux de paiement, vient de quitter son statut de proie - après l'échec de la tentative de rachat par Danaher - pour endosser celui de prédateur, Gemalto, lui, va mettre la pédale douce sur la croissance externe, après avoir croqué l'allemand Cinterion en 2010. À l'inverse, le premier fabricant mondial de cartes à puce pourrait devenir une cible tentante pour un géant des logiciels comme Microsoft, en raison de la transformation de son modèle économique. Un modèle qui fait désormais la part belle aux logiciels et services. Ces activités à plus forte valeur ajoutée que les terminaux de paiement, cédés à l'américain Verifone en octobre dernier, ont vu leur chiffre d'affaires s'envoler de 54 % en 2010, à 252 millions d'euros, soit 13 % du revenu global de Gemalto. « Oui, nos concurrents ont changé, ils se nomment désormais Microsoft ou Symantec [premier fabricant mondial de logiciels de sécurité : Ndlr]. Et oui, ils diposent de beaucoup d'argent. Nous ne pouvons pas à la fois être cotés en Bourse et ne pas courir le risque d'être rachetés », reconnaît Olivier Piou, interrogé sur un possible rachat de Gemalto par un Microsoft ou un Symantec. Le dirigeant est d'autant plus enclin à admettre que Gemalto représente une proie alléchante que le groupe est en pleine forme. Il a clos 2010 sur le chiffre d'affaires le plus important de son histoire, à près de 2 milliards d'euros (+ 19 %), pour un bénéfice net en hausse de 11,3 %, à 216 millions. Le bilan est lui aussi flatteur, avec une trésorerie nette de 255 millions d'euros.Autre attrait de Gemalto pour un éventuel acquéreur : sa valorisation boursière attractive, dixit Olivier Piou. Le marché ne partage pas totalement cet avis. Malgré les bons résultats annuels, l'action - qui vaut 14 fois les bénéfices estimés por 2011, selon l'agence Bloomberg - a décroché de près de 4 % jeudi.Mais pour que Gemalto soit racheté, encore faudrait-il que ses actionnaires acquiescent. Or le FSI, le fonds stratégique d'investissement de l'Etat, détient 8 % du capital. Pour mémoire, si le rachat d'Ingenico par l'américain Danaher a échoué, fin 2010, c'est parce que l'Etat français s'y est opposé, au nom du caractère stratégique du groupe... Christine Lejoux
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