Amaury veut faire du « Parisien » une affaire rentable

Après avoir convaincu en novembre dernier Marie-Odile Amaury de garder « Le Parisien » et son édition nationale « Aujourd'hui en France » dans le giron du groupe Amaury, Philippe Carli, directeur général, lance le chantier de la relance du titre. Selon nos informations, il a récemment informé les salariés du « Parisien » qu'une réflexion stratégique avait été confiée au cabinet de conseil Bain. Un cabinet onéreux, plus souvent mandaté par les sociétés du CAC 40 que par des journaux. L'objectif réaffirmé devant les salariés : « dans un an, ?Le Parisien? sera le journal référent, le plus grand quotidien français multimédia ». En mission depuis le début du mois, le cabinet Bain va éplucher la façon dont est géré le groupe, distribuer les bons et mauvais points, et d'ici l'été, rendre ses conclusions. Le plan stratégique serait ainsi mis en oeuvre vers la fin de l'année après discussion avec les équipes et les partenaires sociaux. L'objectif est clairement de remettre le quotidien sur la voie de la rentabilité. Car s'il est un des rares quotidiens en France à ne pas perdre d'argent... il n'en gagne pas non plus. Convaincu du potentiel de cet actif qui depuis trop longtemps sommeille, Philippe Carli affiche de fortes ambitions puisqu'il vise une rentabilité d'exploitation du quotidien régional et de son édition nationale entre 5 % et 10 % d'ici à 2013. DiversificationFace à un rythme annuel de baisse du chiffre d'affaires de 5 %, l'ex-patron de Siemens France, semble décidé à agir vite. Comme la plupart des quotidiens, « Le Parisien » voit ses ventes baisser tous les ans. Avec son édition nationale, il a déclaré en 2010 une diffusion quotidienne de quelque 460.000 exemplaires, contre plus de 523.000 il y a trois ans. Pourtant le quotidien populaire peut se prévaloir d'être le quotidien le moins vendu au rabais à des compagnies aériennes, hôtels et autres lieux publics : à peine 2 % des exemplaires contre 30 % pour certains quotidiens.Le cabinet Bain est donc censé faire des recommandations en matière de développement du journal dans l'objectif de stabiliser ses ventes et développer ses recettes. Le second levier pour améliorer les performances économiques du titre afin de le ramener à des résultats comparables à ceux dégagés par les meilleurs journaux en Europe, portera sur les process, l'organisation et la structure de coûts. Pour aller au-delà et dégager de nouvelles sources de chiffres d'affaires, un coup d'accélérateur va être mis sur la diversification. Notamment pour mieux rentabiliser l'audience vaste et qualifiée que réunissent le journal et son site Internet. « Le Parisien » pourrait même pousser le curseur de la diversification encore plus loin et sortir de son activité uniquement presse. Selon nos informations, une réflexion serait envisagée sur l'opportunité de profiter du réseau SDVP - Société de distribution et de ventes du Parisien, filiale à 100 % du titre - pour distribuer d'autres produits que des journaux...Organisation bimédiaAu « Parisien », l'inquiétude est grande. Si les salariés ont accueilli très favorablement la nomination du nouveau directeur général du groupe Amaury, grâce à qui, explique un journaliste, le journal n'a pas été vendu à Dassault, tous s'attendent à des coupes dans les effectifs. Et notamment à la rédaction qui compte 370 journalistes dont une vingtaine pour le site Web. Selon un proche de la direction, « il y aura des suppressions de poste mais aussi des créations ». Au sein de la rédaction des changements interviendront inéluctablement, affirme pour sa part un salarié, puisque la direction veut mettre en place au plus vite une organisation bimédia.
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