Rémunérations : le PDG de France Télécom met les grands patrons sous pression

« Si la loi instaurant une taxe à 75% sur les salaires supérieurs à 1 million d\'euros est adoptée, je ferai passer ma rémunération sous la barre du million d\'euros. Je ne voudrais pas que France Télécom soit obligé de payer cette taxe sur mon salaire. » Cet exemple d\'abnégation - si l\'on peut dire, car l\'émolument en question demeurera confortable -, donné par Stéphane Richard, PDG de France Télécom-Orange, dans Le Figaro de mercredi, fera-t-il école parmi les autres grands patrons ? Rien n\'est moins sûr. Ce qui est très possible, en revanche, c\'est que, dans la cadre des assemblées générales annuelles qui se dérouleront au cours des prochaines semaines, les actionnaires des autres sociétés cotées en Bourse mettent la pression sur leurs dirigeants, afin qu\'eux aussi ramènent leurs rémunérations sous le million d\'euros ou en tout cas la réduisent. Et évitent ainsi une addition particulièrement salée à leur entreprise.Un surcoût fiscal de 2,4 millions d\'euros, en moyenneCar la nouvelle mouture de la taxe à 75%, dévoilée par François Hollande lors de son intervention télévisée du 28 mars, représente un véritable coup de bambou pour les entreprises. Pour mémoire, ce sont ces dernières qui seront redevables, durant deux ans, de la taxe de 75% sur la fraction des rémunérations excédant 1 million d\'euros, et non les bénéficiaires desdites rémunérations, comme le prévoyait la première mouture du projet de taxe, retoquée fin 2012 par le Conseil constitutionnel. Et c\'est a priori en cumulant les prélèvements déjà existants sur les rémunérations - lesquels sont de 25% à ce niveau de salaire - et la nouvelle contribution - de 50%, donc - que l\'on aboutira à la taxation de 75 %. Or la rémunération des patrons du CAC 40 tourne autour de 4,2 millions d\'euros, en moyenne, selon les chiffres 2011 compilés par le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest. Ce qui correspond à un salaire net de l\'ordre de 3,36 millions d\'euros. Sur la base de ce salaire net, et sous réserve des modalités définitives du calcul de la taxe, les sociétés du CAC 40 devraient verser à l\'Etat, au titre de la taxe à 75%, la somme de 1,2 million d\'euros, en moyenne. Un montant que les actionnaires préféreraient sans nul doute voir allouée au financement d\'investissements ou à la distribution de dividendes.300 salariés concernés dans les sociétés cotéesLa facture sera également particulièrement lourde pour les entreprises qui, contrairement à France Télécom-Orange, comptent plusieurs dirigeants rémunérés plus de 1 million d\'euros par an. C\'est le cas du numéro un mondial des cosmétiques L\'Oréal et du groupe d\'énergie GDF Suez, entre autres. Proxinvest estime à 100 le nombre de patrons de sociétés cotées dont la rémunération annuelle dépasse le million d\'euros, mais ce chiffre grimpe à 300 en incluant les membres des comités exécutifs et les dirigeants de filiales qui touchent, eux aussi, plus de 1 million d\'euros par an.Laurence Parisot, la présidente sortante du Medef, avait ainsi qualifié la nouvelle taxe à 75% de « marqueur anti-entreprises », au lendemain de l\'intervention du chef de l\'Etat. Pour ce dernier, au-delà des 500 millions d\'euros que la taxe à 75% rapportera à l\'Etat, celle-ci a pour but d\'inciter les entreprises à se montrer plus raisonnables sur le plan des rémunérations - souvent exorbitantes - de leurs dirigeants. Dans ce domaine au moins, la taxe à 75% fait se rejoindre l\'intérêt de l\'Etat et celui des actionnaires des sociétés cotées.  
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