Chávez se réconcilie avec la Colombie

Après des mois - voire des années - de tensions, donnant parfois lieu à des manoeuvres le long d'une frontière de plus de 2.000 kilomètres, souvent en pleine jungle, le Venezuela et la Colombie s'apprêtaient à sceller ce mardi une sorte de « pacte d'amiti頻, à l'issue d'un sommet se tenant à Santa Marta, un port sur la côte caraïbe colombienne. A cette occasion, le nouveau président colombien, le libéral Juan Manuel Santos, devait rencontrer son homologue vénézuélien, le bouillant populiste Hugo Chávez. Il s'agissait, alors que Caracas avait rompu ses relations diplomatiques avec Bogotá le 22 juillet dernier, de dissiper certains malentendus : le nouveau président colombien, qui veut poursuivre la guerre contre le terrorisme des Farc lancée par son prédécesseur, Alvaro Uribe, soupçonne Hugo Chávez d'aider matériellement et financièrement ces rebelles et de leur offrir un asile sur son territoire. Le président Hugo Chávez, lui, voit d'un mauvais oeil les relations très étroites entre Washington et Bogotá. Si les États-Unis sont présents dans le pays afin d'aider la Colombie à éradiquer les plantations de feuilles de coca (base de la fabrication de la cocaïne), depuis un coup d'État cafouilleux et manqué contre lui en 2002, Chávez estime que les Américains pourraient utiliser les bases où ils sont installés en Colombie pour lancer une offensive militaire contre lui... Autant dire qu'une discussion « franche et directe », selon les proches des deux protagonistes, est plus que nécessaire.... Enjeu importantSi les deux présidents peuvent tirer partie d'une pacification de la relation, leurs populations étant lasses de ces tensions, l'enjeu est sans doute plus important pour Chavez. Alors que les élections législatives se préparent (elles auront lieu le 26 septembre), il craint de perdre sa majorité. Sa popularité s'effrite grandement, sur fond de violence accrue (due notamment au trafic de drogue) et de récession économique aigüe : le Venezuela est le seul pays d'Amérique latine à avoir enregistré, sur les trois premiers mois de cette année, un recul de 5,8 % de son activité économique, après un reflux de 3,3 % en 2009. Un succès diplomatique en Colombie lui permettrait donc d'occulter quelque peu les difficultés domestiques auxquelles la population est confrontée : au-delà de la violence, les 27 millions de Vénézuéliens doivent faire face à un chômage galopant (avec un taux officieux de 30 %, selon certains experts), une envolée des prix (le taux d'inflation, à plus de 30 % actuellement, est le plus haut de la région) et même à des pénuries de nourriture, dues à une mauvaise gestion des stocks par le gouvernement.
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