L'Opep veut défendre un baril à 100 dollars

Alors que les observateurs s'attendaient à un statu quo, la réunion ministérielle de l'Opep s'est soldée dans la nuit de mardi à mercredi par la décision de réduire immédiatement son offre réelle de brut. Une décision justifiée par la situation du marché pétrolier mondial jugé " excédentaire ". Le niveau des quotas théoriques fixés depuis septembre 2007, soit 28,8 millions de barils par jour (mbj), sera appliqué " strictement ". Cette décision concerne 11 membres sur les 13, l'Irak n'étant pas soumis à quota et l'Indonésie, devenue importatrice nette de brut, quittant l'organisation à la fin de l'année.Malgré cette résolution, les marchés à terme réagissaient modérément hier, relativisant la portée réelle de l'annonce de l'Opep. En fin d'après midi à Londres, le cours du brent perdait 76 cents, à 99,58 dollars, passant sous la barre symbolique des 100 dollars pour la première fois depuis près de six mois. Au même moment, à New York, celui du baril de WTI cédait 11 cents, à 103,15 dollars, après la publication du rapport hebdomadaire des stocks américains." En un mot, l'Opep dit que ses membres devront respecter le quota d'ensemble, car il n'y a pas de réduction des quotas, ce qui implique une diminution de 500.000 à 600.000 b/j par rapport à la production d'août ", explique Olivier Jakob, directeur de Petromatrix. Or, seuls l'Iran et l'Arabie Saoudite produisent actuellement au-dessus de leurs quotas, avec respectivement + 280.000 b/j et 510.000 b/j. " Je ne parierais pas un centime sur le fait que l'Iran obtempère. Le scénario le plus probable est que l'Arabie Saoudite opère une légère diminution de 300.000 b/j et réajuste en fonction de la production du Nigeria ", relativise Olivier Jakob.MODIFICATION PSYCHOLOGIQUELa rapide baisse des cours ces dernières semaines a fait craindre à l'organisation une poursuite de la tendance, alimentée par une croissance ralentie de la demande d'or noir. Hier, dans son rapport mensuel, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a d'ailleurs révisé à la baisse, de 100.000 b/j, son estimation de la demande mondiale en 2008. Elle table désormais sur 86,8 mbj, soit 700.000 b/j de plus qu'en 2007 (+ 0,8 %). Pour 2009, la révision est de 140.000 b/j, avec une demande qui s'établira à 87,6 mbj (+ 1 % par rapport à 2008). Ces révisions sont justifiées par le ralentissement économique dans les pays de l'OCDE.La décision de l'Opep ne va pas changer les fondamentaux, mais elle n'en annonce pas moins une modification psychologique. " L'Ara bie Saoudite serait très heureuse avec des prix compris entre 90 et 100 dollars, mais il semble que d'autres membres souhaitaient envoyer un signal assez fort. Pour ceux-là, le seuil des 100 dollars est en train de devenir un prix plancher ou un signal d'alarme. Ce processus de défense des cours est le principal enseignement de cette réunion ", explique Kevin Norrish, chez Barclays Capital.On pourrait donc assister à une reprise en main du marché pétrolier par le cartel des producteurs, après des mois où les financiers menaient le jeu. En effet, selon le hedge fund Masters Capital Management, les investisseurs auraient liquidé leurs positions sur les marchés à terme pour un montant de 39 milliards de dollars entre juillet et septembre.La demande américaine reculeLa demande pétrolière a baissé de 3,8 % au cours des quatre dernières semaines aux États-Unis, selon le rapport hebdomadaire du département de l'Énergie (DoE) publié hier. En outre, le taux d'activité des raffineries a chuté de 11,74 %, en raison des fermetures préventives des installations prises avant le passage de l'ouragan Gustav. Quant aux stocks de brut, ils se sont contractés, pour la troisième semaine consécutive, de 5,8 millions de barils, à 298 millions de barils.
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