Total et L'Oréal ont pesé sur le départ de Gérard Le Fur

Dès le début, le pari était osé. Le 14 décembre 2006, le conseil d'administration de Sanofi-Aventis présidé par Jean-François Dehecq, annonçait, contre toute attente, la nomination de Gérard Le Fur, alors responsable de la recherche à la direction générale du groupe. Ce scientifique émérite, récompensé à de nombreuses reprises, notamment par le prix de l'Ordre des pharmaciens en 2004 pour ses travaux, devait initialement mettre son savoir-faire au service d'un portefeuille de médicaments à renforcer face à la concurrence grandissante des génériques. Malheureusement, on ne passe pas aussi facilement d'une paillasse de laboratoire aux rênes opérationnelles du quatrième laboratoire pharmaceutique mondial. Surtout lorsque l'ombre imposante de Jean-François Dehecq se fait omniprésente.Gérard Le Fur l'a appris à ses dépens. Car son bilan, tant sur le plan stratégique que financier et boursier, ne s'est pas révélé à la hauteur des espoirs que l'on fondait sur lui. Depuis la prise officielle des fonctions du dirigeant sortant le 1er janvier 2007, l'action Sanofi Aventis a perdu près du tiers de sa valeur et accuse un retard de près de 25 points par rapport à l'indice sectoriel Bloomberg World Pharmaceutical Index. Le rejet, en juin 2007, par les autorités sanitaires américaines du Rimonabant, l'équivalent de l'Accomplia en Europe, médicament vedette contre l'obésité, a largement contribué à plomber la tendance. Pour le reste, la défiance des investisseurs à l'égard du groupe est visiblement liée à des doutes sur la capacité de Gérard Le Fur à générer des économies ainsi qu'à certaines maladresses de communication sur certains produits, comme le Plavix, menacés par des fabricants de génériques." DIRECTION PLUS CREATRICE DE VALEUR "Selon Philippe Lanone, analyste chez Natixis Securities, " les multiples de bénéfices de Sanofi Aventis à l'horizon de 2010 font ressortir une décote de 45 % par rapport à ceux de Glaxo Smith Kline ". Un constat qui ne semble pas du goût de Total et L'Oréal qui détiennent, à eux deux, 21,23 % du capital et 33,46 % des droits de votes du groupe pharmaceutique. Selon Philippe Lanone, ces derniers " ayant vocation à sortir à terme, cela ne pouvait se traduire que par la mise en place d'une direction plus créatrice de valeur ". À charge maintenant pour le nouvel arrivant Chris Viehbacher d'aligner les intérêts de Sanofi-Aventis avec ceux de ses deux actionnaires de poids, soucieux de revaloriser leur participation.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.