Sursis pour Boeing sur les avions ravitailleurs

Malgré la grève qui paralyse la production des avions civils, la direction de Boeing a retrouvé hier le sourire. L'annulation par le ministère de la Défense américain de l'appel d'offres pour s'équiper de nouveaux avions ravitailleurs avantage clairement le géant de Chicago. "Je pense que, dans le temps qu'il nous reste, nous ne pouvons plus faire aboutir une compétition qui puisse être considérée comme juste et objective dans ce contexte survolté", a précisé Robert Gates, secrétaire américain à la Défense. Il laisse le dossier à la prochaine administration, qui prendra ses fonctions en janvier 2009. Boeing dispose désormais d'un délai suffisant pour revoir sa copie. Et contrer éventuellement l'offre concurrente du couple EADS-Northrop Gruman. Celui-ci l'avait emporté en début d'année, provoquant une vive polémique aux États-Unis, avant de voir sa victoire annulée cet été pour des questions de procédure. Plus long, l'avion du tandemaméricano- européen, le KC-45 (un dérivé de l'A330) dispose d'une capacité d'emport de carburant et de transport de passagers plus importante que le KC-67 de Boeing. Et répond plus efficacement aux besoins de l'armée de l'air américaine. Fin août, Boeingmenaçait de ne pas concourir à l'appel d'offres si le gouvernement ne lui accordait pas un délai supplémentaire de quatre mois. C'est chose faite désormais. URGENCE Avec quelle réponse ? Le B767 est trop petit et le B777 trop long, tandis qu'un dérivé de son futur 787 semble compliqué au regard des grandes difficultés rencontrées par ce programme. La première livraison est prévue au troisième trimestre 2009. Aussi lancer rapidement une version militaire semble irréalisable. D'autant que les besoins de l'armée de l'air américaine sont urgents : ses vieux ravitailleursKC-135 (530 au total), tous acquis entre 1948 et 1965, doivent être remplacés au plus tôt. Ce contrat restera sans doute dans les annales tant par son importance (35 milliards de dollars) que par les rebondissements qui l'ont jusqu'ici jalonné. En 2003, le contrat remporté par Boeing sans appel d'offres avait été annulé sous la pression du sénateurMcCain, aujourd'hui candidat à la présidence américaine, en raison d'une sulfureuse histoire de corruption. Chez EADS, on faisait part de sa déception. "Nous sommes bien sûr déçus, a déclaré son président exécutif Louis Gallois. Nous croyons que le KC-45 est le meilleur avion [...]. Cependant, nous avons un contrat et nous recherchons une terminaison appropriée de ce contrat." Hier, le titre EADS n'a pas réagi à cette annonce, s'adjugeant 3%, à 15,99 euros, porté par la fébrilité du dollar.
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