Gaz de schiste, nucléaire, hydraulique ... les plaidoiries du secteur de l'énergie au gouvernement

Les 13e rencontres parlementaires de l\'énergie, organisées mercredi 10 octobre, ont permis à la plupart des acteurs du secteur (à l\'exception notable d\'EDF, non représenté) d\'adresser de virulentes plaidoiries au gouvernement. Des revendications envoyées à quelques encablures du débat national sur l\'énergie qui doit se tenir de novembre 2012 à mai 2013 et déboucher sur un projet de loi de programmation en juin 2013.• «Pas d\'urgence pour ouvrir les concessions hydrauliques»Cette phrase du député PS François Brottes, auteur du projet de loi en discussion sur la tarification progressive de l\'électricité, a tout de suite mis le feu aux poudres dans la salle. Même s\'il répétait une opinion qu\'il avait déjà émise pendant la campagne présidentielle. Le sang de Fréderic de Maneville n\'a fait qu\'un tour. Président de Vattenfall France, la filiale de l\'électricien public suédois, il attend, comme nombre de ses concurrents européens, depuis 2010 au moins, de concourir aux appels d\'offres que la France doit lancer pour ouvrir à la concurrence les très rentables concessions hydrauliques hexagonales. «Rappeler, comme vient de le faire François Brottes, que l\'hydraulique est important et affirmer qu\'il n\'y a pas urgence, c\'est dire une chose et son contraire», a-t-il lancé. «C\'est pratiquer une politique de stop and go, comme la politique solaire du précédent gouvernement, critiquée ... par la majorité actuelle».• Viser 2050 et ne pas se cantonner à l\'électricitéCe sont les deux mots d\'ordre de Pierre-Franck Chevet, le patron de la DGEC (direction générale de l\'énergie et du climat), interprétés par tous comme une préfiguration de la tonalité du futur débat sur l\'énergie. «Disposer d\'un début de cap pour 2030 devient urgent, compte tenu des durées d\'amortissement des investissements à consentir. Mais se préoccuper de 2050 où la pression sur les ressources va doubler est également urgent», a-t-il souligné. L\'électricité ne représente que 23% de la consommation d\'énergie en France, a-t-il rappelé. «Il ne faut pas perdre de vue 80% de notre problème, à savoir la chaleur (70% de la consommation d\'énergie, selon Dalkia), l\'efficacité énergétique des bâtiments (avec une action proche du terrain) et les transports». Le tout en «pesant au trébuchet les aides injectées dans le système et en intégrant dans l\'équation la question du CO2, le retour emploi et la balance commerciale».• Etendre la CSPE, la taxe sur l\'électricité qui finance les renouvelables?«La CSPE est insuffisante aujourd\'hui et pourtant, la marche à accomplir reste bien plus importante que les efforts déjà faits », met en garde Robert Durdilly, président de l\'Union française de l\'électricité où EDF dispose de 40% des droits de vote. «Il y a un déficit de 4 milliards d\'euros de la CSPE» à la charge d\'EDF, confirme le député PS Marc Goua, rapporteur sur l\'énergie pour le projet de loi de finances 2013. «Il faudrait considérablement l\'augmenter», estime-t-il. Cette taxe, payée sur la consommation d\'électricité, est déjà passée de 4,5 à 10,5 euros le MWh entre 2008 et 2012. Bilan: certaines voix s\'élèvent pour la faire supporter par toutes les énergies, dont en premier lieu le gaz, grand concurrent de l\'électricité sur le chauffage résidentiel. «Le problème de financement de la CSPE est derrière nous», estime au contraire, sans surprise, Bruno Bensasson, en charge de la stratégie chez GDF Suez. Peu désireux de voir les factures de gaz s\'alourdir, sans pour autant gagner davantage -souci partagé d\'ailleurs par EDF, GDF Suez estime que les nouvelles règles de la CSPE, qui peut depuis 2003 croître de 3 euros par an, permettra de renverser la vapeur dès 2013 et de stopper le déficit des recettes en 2017. Une CSPE sur le gaz provoquerait une hausse de 10 à 20% des factures de gaz, selon GDF Suez.• Relancer Linky, au cœur de la transition énergétiqueSoulagé par l\'annonce mardi par la ministre de l\'Energie de la (re)mise en place d\'un groupe de travail pour relancer Linky, le compteur intelligent, bloqué depuis près d\'un an, Marc Bouillot, d\'ERDF, a rappelé les atouts de ce boîtier. Cet investissement de 4,5 milliards d\'euros (entièrement pris en charge par EDRF, a-t-il rappelé) représente 100.000 emplois sur 7 à 8 ans, dont la formation de 15.000 jeunes aux métiers de l\'électricité. Il facilitera la rénovation énergétique des bâtiments anciens, prévue par la loi Brottes. «La France dispose de champions en matière de réseaux intelligents et de solutions de pilotage, comme Alstom Grid ou Schneider. Et pourtant, souvent, nos innovations voient le jour dans d\'autres pays que la France où la transition énergétique a déjà commencé», a déploré Grégoire Poux-Guillaume, président d\'Alstom Grid.• Construire de nouvelles centrales nucléaires en FranceC\'est le souhait de Dominique Louis, le patron d\'Assystem, société d\'ingénierie nucléaire française. «Il est indispensable de construire de nouvelles centrales nucléaires en France pour assurer l\'avenir de la filière nucléaire hexagonale», affirme-t-il. «Ce qui est difficile c\'est la construction», a-t-il tenté de rassurer au sujet des déboires de l\'EPR. «Il coûte cher parce qu\'on n\'en construit que deux en France et en Finlande [oubliant l\'EPR chinois visiblement], ce sera différent quand on en aura construit 30», promet-t-il. Il table sur une baisse de 30% du coût (6 milliards d\'euros aujourd\'hui) grâce aux économies d\'échelle. «Le débat stérile qui prétend opposer les énergies renouvelables au nucléaire est d\'une bêtise affigeante», a renchéri Jacques Guérault, directeur des affaires publiques d\'Areva. Le nucléaire, c\'est 125.000 emplois directs et 400.000 emplois indirects, a-t-il affirmé, en ajoutant «pour vendre des centrales en Inde ou en Chine, on a besoin de savoir où va le nucléaire français». «Après Flamanville, que fait-t-on pour la génération 3, on arrête ou on continue?»; s\'interroge-t-il, relançant à sa façon les questions qui se posent depuis des années chez EDF sur l\'avenir de la filière EPR.• Ne pas écarter le gaz de schisteC\'est la patron de Shell France, Patrick Romeo, qui doit surtout faire accepter ses forages en Guyane, qui s\'y est collé. «Le gaz de schiste aux Etats-Unis, c\'est 0,5% du PIB sur 5 ans, 900 dollars d\'économies par an par ménage et 600.000 emplois selon Obama», affirme-t-il. «Le tout avec une technique qu\'on utilise tous les jours en France pour l\'eau potable et la géothermie», ajoute-t-il. Il s\'est ensuite contenté sobrement de rappeler que les hydrocarbures, c\'est 80% de la facture de 50 milliards d\'euros.  
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