L'Allemagne ne décolère pas

Depuis qu'ils ont compris qu'ils devront sans doute payer pour la Grèce, le « greek bashing » est devenu un sport à la mode dans certains médias outre-Rhin. Selon un sondage de l'Institut Emnid, 71 % des allemands sont opposés à une aide à la Grèce. Ce jeudi, l'éditorial du « Neue Tag » de Weiden, en Bavière, voyait ainsi « les racines du mal dans la mentalité des Grecs », avant de décrire un pays de fonctionnaires, de travail au noir et d'évasion fiscale. Le « Münchner Merkur », quotidien populaire de la capitale bavaroise, s'étrangle de voir les fonctionnaires grecs faire grève contre la retraite à 63 ans. « Vos sauveurs ont dû depuis longtemps accepter de travailler jusqu'à 67 ans », s'exclame l'éditorialiste. la pilule est très amèreCes thèmes sont très fréquents depuis quelques jours et, mercredi, c'est la prestigieuse « Frankfürter Allgemeine » (FAZ) qui les développait. Le quotidien le plus lu du pays, la « Bild Zeitung », prévient que « les Grecs en faillite vont coûter très cher ». « Ce qui est rageant, c'est que nous payons pour une dette qui a été faite par les Grecs eux-mêmes, pas par la récession », s'insurge le tabloïd. Et même si d'autres médias, comme le « Financial Times Deutschland », rappellent la responsabilité de l'Europe et de l'Allemagne dans la situation hellénique, beaucoup promettent au pays de Périclès les conditions les plus dures. « Dans la Grèce malade, économiquement au niveau du Botswana ou du Kazakhstan, on va rechigner. Mais il faudra avaler la pilule, fût-elle très amère », prévient la « Nordwest Zeitung » d'Oldenbourg. Mais la colère allemande porte aussi sur le fonctionnement de la zone euro. « Ce n'est pas ainsi que l'on a vendu l'euro aux Allemands ! », rappelait ainsi la FAZ de mercredi. Selon l'éditorialiste du quotidien, si les pays membres de l'union monétaire ne sont plus responsables de leurs dettes, alors c'est tout l'édifice du traité de Maastricht qui s'effondre. Et de conclure : « Dans ce cas, les Allemands souhaiteront le retour du deutsche mark. » Comme nombre de ses collègues, l'économiste Manfred Neumann, de l'université de Bonn, s'alarme dans l'hebdomadaire « Wirtschaftswoche » du « précédent » que va constituer le cas grec. « À long terme, une division entre une zone relativement stable au nord et une zone très endettée et dépendante des transferts au sud menace l'union monétaire et peut conduire à la création de deux monnaies », analyse-t-il. Mercredi, l'économiste de l'institut ZEW Michael Schröder réclamait alors de « nouvelles règles de fonctionnement » pour la zone euro. Et l'éditorial de la très sérieuse « Börsen Zeitung » voyait dans la règle constitutionnelle allemande fixant une limite à l'endettement un « modèle » pour l'Europe. Romaric Godin, à Francfort
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