Amour dans un asile de fous nommé Ukraine

Au fond de cette nuit glaciale qui symbolise l'Ukraine d'aujourd'hui, il y a plein de choses pour réchauffer le corps et le coeur des hommes: la vodka (nature ou à l'ortie), le cognac, le pseudo-champagne et le vin doux, d'une part ; et d'autre part l'immense amour des femmes. Bon, en plus des femmes, il y a aussi les animaux et les bébés qui apportent un peu d'espoir. Mais reprenons depuis le début. Irina, l'innocence même, est une jeune maman. Elle quitte au petit matin son village pour aller à Kiev vendre son lait, laissant sa petite Iassia à sa mère, qui lui donne du lait en poudre. Le père du bébé s'est carapaté. Elle va rencontrer par hasard Yégor, un jeune homme qui exerce le métier d'agent de sécurité. Autre couple : Sémion, agent de sécurité d'un grade plus élevé puisqu'il est garde du corps d'un député, vit avec sa femme Veronika. Heureux, en apparence. Mais que fait-il toutes les nuits dans les rues de Kiev ? Troisième couple : Dima, maître chien à l'aéroport, est le mari de Valia, caissière dans un casino minable. Ils ont un chat, Mourik au comportement inexplicable. Le quatrième couple est le plus singulier : Daria Ivanovna aimait tellement son mari le pharmacien, assassiné dans des circonstances non élucidées, qu'elle l'a fait plastiniser. Son corps est donc assis dans le fauteuil du salon. L'épouse éplorée le trouve beaucoup plus facile à supporter ainsi. Elle devient la confidente de Veronika, la femme de Sémion.Comme dans une version bouffonne de « Vie et Destin » de Vassili Grossman, tous ces différents personnages vont se croiser, et découvrir peu à peu les vérités cachées. Le député qui a fait construire une cathédrale orthodoxe dans son jardin appartient à la même société secrète que le pharmacien assassiné. Le psychiatre auxquels s'adressent les héros mentalement déglingués est à la tête d'un complot au fond très humaniste : puisque tous les Ukrainiens sont fous, il faut que les psychiatres prennent le pouvoir pour les sauver.Et pendant ce temps, le lait d'Irina coule à flot, nourrissant de plus en plus de bébés ? entre autres. Il y a du sang et de la violence aussi, et en abondance, dans ce roman où l'auteur du « Pingouin » est au meilleur de son inspiration surréaliste. Mais l'amour finit par triompher. Un homme, une femme, un mariage, un ventre rond : le salut des personnages si attachants de Kourkov passe par un retour, tout sauf direct, à ce destin éternel de l'humanité.Sophie Gherard
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