Spéculation et redémarrage de la consommation stimulent l'étain

Miser sur l'étain, le plus petit métal du London Metal Exchange dont les échanges représentent un marché de 5 milliards de dollars, est un pari risqué. Sauf lorsqu'on assèche délibérément le marché, ce qui se passe actuellement. Un hedge fund, qui a détenu jusqu'à 90 % des stocks d'étain disponibles à l'automne dernier, contrôle encore la moitié des stocks officiels. Une configuration de « corner », autorisée par la taille modeste du marché : les stocks d'étain ne dépassent pas 25.000 tonnes, alors qu'ils peuvent grimper jusqu'à 5 millions de tonnes pour l'aluminium. agacement des investisseursLa concentration du métal dans les mains d'un acteur a tendance à influencer les prix à la hausse. En effet, si un industriel de l'électronique, où le métal est utilisé pour réaliser des soudures, souhaite en acheter pour une utilisation immédiate, la disponibilité n'est pas garantie. Ce qui pousse l'acheteur à accepter un prix plus élevé. Le marché à terme de l'étain est d'ailleurs un des rares marchés de métaux à être depuis longtemps en «backwardation» : l'étain pour livraison immédiate est plus cher que pour dans trois mois. Ce qui caractérise typiquement un marché où l'offre se fait rare, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors. D'où un certain agacement des intervenants, qui se sont plaints de cette situation auprès du LME.Mais les fondamentaux sont en train de se tendre. «?Je ne sais pas si la situation des stocks influence les cours à la hausse, mais la raréfaction de l'offre devrait surement le faire?», précise David Wilson, spécialiste des métaux de base à la Société Généralecute; Générale. Le redémarrage de la consommation de produits électroniques devrait en effet catalyser la hausse de la consommation cette année. Selon PT Timah, un groupe minier indonésien qui est aussi second producteur d'étain au monde, la demande devrait bondir de 7 % en 2010, pour atteindre 320.000 tonnes. Or l'offre peine à s'ajuster au rebond. Les exportations d'étain d'Indonésie, second producteur après la Chine, ont chuté de 20 % en janvier par rapport à décembre, alors que la mousson paralysait la logistique du métal. « Et toute la production supplémentaire chinoise devrait être utilisée sur place », assure David Wilson. Ce qui risque de condamner les autres pays consommateurs que sont la Corée du Sud, Taïwan et le Japon à payer encore un peu plus pour le métal, qui affiche un rebond de 17 % à 17.750 dollars la tonne depuis un mois. Aline Robert
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