Les chefs-d'oeuvre vont bien, merci !

Après une année où tout le monde de l'art a retenu son souffle, le marché semble redémarrer à tous les niveaux. Comme si après quelques valses-hésitations, la confiance opérait un come-back sur la pointe des pieds. Elle revenait même en force à Londres où « L'homme qui marche » d'Alberto Giacometti a décroché l'enchère pharaonique de 104,3 millions de dollars. À ce niveau de prix, l'adjudicataire vient sans doute d'un pays émergent comme la Russie ou peut-être du Moyen Orient.La semaine suivante, quelques collectionneurs ont fait une razzia dans les ventes d'art d'après-guerre. Le joaillier Lawrence Graff a ainsi été l'un des enchérisseurs les plus actifs de la vente de Christie's à Londres le 11 février. Il a notamment payé 4,1 millions de livres sterling pour une « Anthropométrie » d'Yves Klein. La même pièce avait été adjugée 388.500 livres sterling neuf ans plus tôt... Klein est superstar puisque la veille, un de ses « Feux », issu de la collection Lenz Schönberg, s'est adjugé pour 3,2 millions de livres sterling chez Sotheby's. On a beau penser que les collectionneurs se sont repliés sur les valeurs sûres, comme les nouveaux réalistes ou les grands classiques du pop art, l'art contemporain ne s'en sort pas si mal. La spéculation guette encore certains jeunes artistes, comme Matthew Day Jackson, coqueluche des gros collectionneurs comme François Pinault. Lawrence Graff, encore lui, a déboursé 601.250 livres sterling pour une pièce du jeune prodige ! à titre indicatif, on pouvait acheter en octobre à la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) à Paris une armoire de Matthew Day Jackson contenant un thorax, des têtes et autres membres humains pour 80.000 dollars. Chassez l'excès, il revient au galop... Valeur refuge s'il en est, l'art ancien n'est pas en reste. Contrairement aux acheteurs d'art contemporain, ses amateurs américains n'ont pas freiné leurs achats. Leurs fortunes sont souvent traditionnelles, et de fait moins sujettes aux remous boursiers. En décembre, à Londres, un dessin de Raphaël a été adjugé pour 29,1 millions de livres sterling chez Christie's. La surprise est surtout venue d'un « Autoportrait » d'Anthony Van Dyck, acquis pour 8,3 millions de livres sterling par un Américain. L'artiste flamand fut aussi le roi de la vacation de Sotheby's le 29 janvier. Un tableau représentant deux études d'homme barbu a été emporté pour 7,2 millions de dollars.L'actualité est aussi marquée par le réveil du dragon chinois qui a fait grimper fortement les prix des pièces en jade et en porcelaine. Des objets qui, voilà encore un an, valaient 10.000 euros, s'échangent désormais pour 50.000 euros. Les peintures classiques de la période Ming ont aussi connu une hausse étonnante. En novembre dernier à Pékin, une peinture traditionnelle a été achetée pour 24,7 millions de dollars par un collectionneur chinois. Néanmoins, il ne faut pas se laisser griser par les effets de loupe des enchères. La réalité, elle, est à deux vitesses. Si les pièces insignes restent prisées, les objets courants ou moyens sont à la traîne. Les marchands ne profitent que modestement des enchères de haut vol. Certains redoutent que l'année 2010 soit plus douloureuse que la précédente, la crise prenant un temps de retard en France. « Si on n'est pas sur le créneau des artistes très demandés, ça ne marche pas du tout », observe le marchand parisien Patrice Trigano. Pour la plupart des professionnels, seul l'événementiel, à savoir les foires, tient la route. Qu'en sera-t-il à Maastricht, premier vrai baromètre de 2010 ? « Il y a toujours de la nervosité avant l'ouverture, confie le président du comité exécutif du salon, Ben Janssens. Les gens sont généralement plus rassurés après le premier week-end. Il faut qu'on ait tous conscience qu'on ne peut pas prendre les choses à la légère. Mais si vous avez quelque chose de frais sur le marché et à un prix juste, il n'y a aucune raison que ça ne marche pas. » Tout le problème tient à la rareté de telles pièces.
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