Pascale Cayla  : « L'art comme supplément d'âme d'une entreprise »

Quelle est l'activité de L'Art en Direct ?J'ai deux passions : l'art et l'entreprise. Aussi ai-je décidé de mettre ces mondes en relation. Pour réussir et faire des bénéfices, une société doit avoir de bons produits, de bons commerciaux, et une bonne communication. À partir de là, je pense que permettre à un artiste et une entreprise de se rencontrer ne peut qu'améliorer les choses. Mais je pars toujours de la problématique de l'entreprise pour réfléchir à la manière dont on peut la nourrir avec des solutions artistiques. Et ces solutions s'adressent autant aux cibles internes d'une société, qu'externes telles que ses clients, la presse, les collectivités locales ou le grand public. Le mécénat est donc une partie de mon activité mais, fondamentalement, tout tourne autour de ça. On ne l'appelle d'ailleurs pas toujours mécénat - surtout en ces temps de crise - mais partenariat, communication par l'art.Est-ce parce qu'il y a un désengagement de l'État que l'intérêt pour le mécénat est devenu plus fort ?Non, je pense qu'il s'agit plutôt d'un changement de mentalité. Du côté des institutions, le privé n'est plus le diable. En vingt ans, je n'ai jamais vu une société s'ingérer dans le travail d'un artiste ou d'un musée. Du côté des entreprises, je crois qu'elles ont compris qu'elles avaient besoin de ce supplément d'âme pour avancer.Quel est l'intérêt de choisir l'art contemporain comme vecteur ?C'est un outil exceptionnel grâce auquel tout est possible. L'art contemporain fait écho aux mondes de demain et de l'innovation. Il dépasse ces frontières, mais aussi les barrières hiérarchiques. Quand deux patrons se rencontrent, et qu'il y a un tableau dans un bureau, la conversation va dévier sur l'oeuvre. Et puis l'art contemporain offre énormément d'opportunités à saisir. En France où nous faisons figure de dinosaure en la matière, très peu d'entreprises sont mécènes dans ce domaine.Qu'est-ce que vous considérez comme une action de mécénat réussie ?Une action déployée à tous les niveaux. Toucher l'interne et l'externe. Imaginer un cadeau destiné aux clients, une déclinaison sur le site pour créer du trafic, faire réaliser des trophées par des artistes. Aujourd'hui, j'essaye de voir comment développer le mécénat en région, créer du lien avec les collectivités locales, ne pas être le énième sponsor d'un festival. Enfin, je m'intéresse aussi énormément à la porosité entre le service mécénat d'une entreprise et ses collaborateurs. Mais pour ça, il faut des hommes, du temps et un chef d'entreprise qui explique à ceux qui l'entourent pourquoi il s'investit et pourquoi c'est important qu'ils fassent de même.Pouvez-vous nous donner des exemples d'actions que vous avez récemment menées ?La société Catella fait du conseil financier immobilier. Ils ont pris l'habitude de donner carte blanche à un artiste sur un bien qu'ils ont à vendre, considérant que l'art contemporain est un véritable outil pour le valoriser, pour parler à leurs clients et pour être différents. Aujourd'hui, ils s'occupent de la vente de l'hôtel Pozzo di Borgo à Paris. Le plasticien Jean-François Rauzier en a fait deux photos numériques magiques. Grâce à cela, ils ont eu une campagne de presse européenne qui a créé un buzz formidable et permis de toucher un nombre très important d'acheteurs potentiels dans le monde entier. Mais cette photo va également servir de cadeaux aux clients de Catella et d'animation sur son stand au Salon du Mipim. Et Rauzier va parler de photo numérique aux salariés de cette entreprise à l'heure du déjeuner.Est-ce que les États-Unis restent la référence en termes de mécénat ?C'est dans leur construction mentale d'être mécènes. Nous avons donc du retard par rapport à eux. Mais il faut quand même savoir que 75 % des mécènes français sont des petites entreprises de moins de 200 salariés.Propos recueillis par Yasmine Youssi L'Art en Direct, 71, rue de Billancourt, 92774 Boulogne Cedex. Tél. : 01.46.04.17.17. www.art-en-direct.fr
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