Que la réforme s'attaque ou non au montant des pensions de retraite versées, une chose est sûre?: les salariés, et notamment les cadres, verront leur pension globale baisser, comme c'est déjà le cas depuis de nombreuses années. La faute aux caisses de retraite complémentaires (l'Agirc pour l'ensemble des salariés, l'Arrco pour les cadres), qui représentent environ 40 à 50 % de la retraite d'un employé et 60 %, voire 70 % de celle d'un cadre. En effet, le rendement de ces caisses s'effrite lentement mais sûrement au fil des ans. Pour donner un ordre d'idée, un cadre qui versait 100 euros de cotisations en 2002 obtenait en retour une pension annuelle une fois à la retraite de 7,08 euros à l'Arrco et de 7,2?euros à l'Agirc. En 2010, ces 100 euros ne « rapportaient » plus que 6,6 euros à l'Arrco et 6,71 euros à l'Agirc. Soit une diminution supérieure à 6,8 % sur les deux régimes depuis l'apparition de l'euro (voir illustration).au mieux 50 % du plafondPour comprendre ce phénomène, il faut savoir qu'en échange de ses cotisations, un salarié obtient un certain nombre de points Arrco et Agirc. Lorsqu'il liquide ses droits, ces points sont transformés en pension de retraite. Certes, les prix d'achat du point et les valeurs du point (ce qu'il rapporte) sont revalorisés chaque année par l'Arrco et l'Agirc. Sauf que la valeur augmente...?beaucoup moins vite que le prix d'achat. Autrement dit, un salarié achète beaucoup plus cher un point qui lui rapporte à peine un peu plus. La raison est simple : le prix d'achat est indexé sur la progression du salaire moyen en France, tandis que la valeur du point est revalorisée en fonction de l'indice des prix.On observe un mécanisme similaire sur la pension de base, versée par la Sécu. Nous avons soumis au cabinet de conseil Optimaretraite le cas d'un travailleur « modèle » ayant cessé son activité au 1er janvier 2010. Il a travaillé le nombre d'années exigées, et son salaire annuel a été supérieur à 35.000 euros ces vingt-cinq dernières années. Pour déterminer le montant de la pension de base, la Sécu tient compte chaque année du salaire, mais limité au Pass (plafond annuel de la Sécurité sociale), qui s'élevait à 34.308?euros en 2009. Théoriquement, un travailleur touchera, au mieux, une pension égale à 50 % de ce plafond, soit 17.154 euros. En réalité, notre bon élève percevra seulement 14.959 euros..., soit 12,7 % de moins. La raison est identique à celle avancée pour les complémentaires : alors que le Pass est indexé sur l'évolution moyenne des salaires, les salaires annuels pris en compte par la Sécu sont actualisés au moment du départ en retraite par rapport à l'indice des prix. Alexandre Phalippou

latribune.fr

11 Avr 2010, 23:18

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