Les salaires élevés à la Sacem montrés du doigt

La commission spécialisée rattachée à la Cour des comptes a publié la semaine dernière son rapport annuel sur les sociétés de gestion collective des droits des auteurs, artistes et producteurs. Dans son collimateur, les salaires pratiqués dans ces sociétés, qui représentent deux tiers des charges de gestion. L'information fournie sur ce point est « succinte », déplore le rapport. Sans compter les excès passés: « Quelques-uns des dirigeants de la précédente génération avaient pu acquérir un niveau d'avantages salariaux et de fonctions qui aurait pu être considéré comme des rentes personnelles de situation. » Et encore aujourd'hui, les salaires de certains dirigeants « s'écartent notablement des normes de rémunération en vigueur dans les entreprises de taille comparable ». C'est surtout la Sacem (auteurs de musique) qui est montrée du doigt. Les charges de personnel atteignent 78.471 euros par salarié, « ce qui est largement supérieur à la moyenne ». Mais c'est surtout le salaire des dirigeants qui est critiqué. La Sacem truste aussi quatre des huit rémunérations les plus élevées, toutes sociétés confondues. C'est logiquement chez elle que s'observe l'écart le plus grand des rémunérations entre salariés. Quant à son président du directoire, il touche autant qu'un patron d'une entreprise ayant un revenu comparable. Avec toutefois une différence de taille : une société de gestion « bénéficie d'un quasi-monopole », alors qu'une entreprise est « pleinement exposée à la concurrence ». Conclusion du rapport : « il reste à démonter que [ces salaires] se justifient pleinement. » Il déplore aussi qu'un dirigeant de la Sacem soit parti avec 233.600 euros d'indemnités, alors que des faits graves lui étaient reprochés. Un autre a fait payer des dépenses personnelles par la Sacem, qui ne lui a pas demandé de remboursement. Interrogée, la Sacem estime « normal » d'avoir les dirigeants les mieux payés, car elle est la société de gestion de loin la plus importante, que ce soit par l'effectif (1.500 salariés) ou par les sommes perçues. De plus, la Sacem explique avoir aligné le salaire de son président du directoire sur celui de son poste précédent (numéro deux de l'ONU) et l'avoir baissé de 5 % en janvier 2009.la SCPP également épingléeLe rapport épingle aussi la SCPP, qui associe les majors du disque. C'est la société dans laquelle on est le mieux payé (51.636 euros brut par an en moyenne). C'est aussi celle qui ? après la Sacem ? paie le mieux son directeur général, alors qu'il gère douze fois moins d'argent. Un salaire deux fois plus élevé qu'à l'Adami ou à la Spedidam, pourtant d'une taille « voisine ou supérieure ». La SCPP a répondu que ce salaire a été aligné sur celui du numéro deux d'une major du disque. Enfin, le dirigeant de la Scam (auteurs multimédia) est fustigé pour son salaire (aussi élevé que celui du patron de la SACD, qui est pourtant deux fois plus grosse), et ses notes de frais (« particulièrement élevées », voire parfois « surévaluées »). JAMAL HENNI
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