Emmanuel Sabonnadière, du ski à la direction d'une multinationale

Il y tient. « C'est de ma carte de moniteur de ski que je suis le plus fier », dit-il en la posant sur la table. Ce Grenoblois de 45 ans a pris le 1er juillet ses nouvelles fonctions de président et CEO de General Cable Europe, un des leaders mondiaux des fils et câbles électriques qui regroupe 5.000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros. Ses huit usines sont localisées en Espagne, au Portugal, en France, en Allemagne et en Algérie. « Une constellation d'entreprises à rassembler dans un esprit européen », explique Emmanuel Sabonnadière. Il présidait depuis 2008 la filiale française Silec Cable, qui emploie 1.250 personnes pour un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros. « Une pépite en matière d'innovation dans les câbles à haute et très haute tension des câbles enfouis », assure Emmanuel Sabonnadière. « En France, on est des créatifs », souligne-t-il. Au printemps dernier, il a reçu la visite, à l'usine Silec de Montereau, du député Yves Jégo, chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission sur la création d'un label Made in France. Le patron de General Cable Europe attend beaucoup des projets de grands réseaux électriques comme celui de la ligne à très haute tension entre la France et l'Espagne. Les parcs éoliens du nord de l'Europe ou les extensions de réseaux électriques à Abu Dhabi, aux États-Unis ou en Chine sont autant de marchés potentiels. Ses concurrents ont pour nom Nexans, Prysmian ou ABB. Emmanuel Sabonnadière a été élevé dans un environnement scientifique. Son père, le professeur Jean-Claude Sabonnadière, est un pionnier des méthodes de calcul des champs magnétiques et des réseaux électriques. À 16 ans, Emmanuel abandonne les compétitions de ski - il a été présélectionné en équipe de France - et choisit les études. Il est ingénieur de l'université de technologie de Compiègne, titulaire d'un DEA de génie électrique à l'INPG et docteur en physique de Centrale Lyon. Également formé au management, il a un MBA de l'École supérieure des affaires (ESA) de Grenoble. En 1990, il entre chez Merlin-Gerin, qui fabrique des disjoncteurs, pour préparer sa thèse de doctorat. Après le rachat de Merlin-Gerin par Schneider Electric, il prend la direction de la filiale France-Transfo (1.400 personnes en Lorraine), qui perd alors de l'argent. Il découvre le monde des grands acteurs de l'énergie comme EDF, les régies électriques, les grandes « utilities » allemandes E.ON et Vattenfall et les opérateurs européens. Il participe au lancement de nouvelles technologies dans les transformateurs (remplacement des huiles additionnées de pyralène par des résines). Après dix années chez Schneider, il rejoint Alstom T&D (Transport et distribution) pour prendre en charge la division des transformateurs de distribution. Ses marchés sont en Chine, en Inde, en Indonésie, aux États-Unis, au Brésil, au Mexique, en Arabie Saoudite... En 2004, Alstom T&D est racheté par Areva. Emmanuel Sabonnadière rejoint le groupe familial Reel à Lyon et s'expatrie en Allemagne pour développer sa filiale internationale, NKM Noell, qui a créé un joint-venture avec le géant russe de l'aluminium Rusal. En 2008, il retourne dans le monde électrique. Il entre chez General Cable pour redynamiser sa filiale française Silec, acquise en 2005. Et il retrouve les clients qu'il avait chez Alstom. OpportunitésLa crise ? « L'occasion de rachats potentiels en Europe et dans le Bassin méditerranéen. » Les marchés vont des éoliennes à la fibre optique en passant par les bornes de recharge pour les batteries de voiture électrique. « Il faut beaucoup de temps pour comprendre toutes les finesses du métier de l'énergie », souligne le nouveau patron de General Cable Europe.
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