« La Chine est le quatrième chimiste mondial »

Quel est l'intérêt de la Chine pour Arkema??Le marché chinois est incontournable de par sa taille?: la Chine est le quatrième chimiste mondial. Beaucoup de nos clients, dans l'air conditionné, le papier, l'automobile ou la peinture, y sont présents. En termes de coûts, c'est aussi une porte d'entrée pour produire pour l'Asie. Nous avons 700 collaborateurs sur trois sites, dont notre principale plate-forme à Changshu, à 120 km de Shanghai où nous avons investi plus de 300 millions d'euros en dix ans. Nous avons aussi une usine d'eau oxygénée près de Shanghai et un site à Pékin pour les stabilisants chaleur (additifs pour le PVC). Nous visons plus de 1.000 salariés d'ici à deux ans et comptons réaliser plus de 10 % de nos ventes en Chine d'ici à cinq ans, contre 6 % aujourd'hui.Comment évolue votre façon de travailler??Elle évolue vite?! La Chine est passée d'une image de pays à bas coûts il y a dix ans à celle d'un pays où l'on peut implanter des unités modernes de taille mondiale. Elle représente un équilibre intéressant entre un marché intérieur fort et la possibilité de construire des infrastructures à des coûts 30 % inférieurs à ceux des pays développés. Pour l'instant, la Chine est encore peu présente sur les technologies nouvelles mais ce sera la prochaine étape. C'est déjà le cas du photovoltaïque. La main-d'oeuvre est moins chère mais très qualifiée?: la présence d'ingénieurs locaux nous permet de démarrer des unités complexes technologiquement, avec une forte valeur ajoutée. Au début de notre implantation industrielle (en 1999 pour Changshu), nous avions davantage d'expatriés sur place, une dizaine aujourd'hui.Envisagez-vous de développer des activités de recherche en Chine??Nous réfléchissons à implanter un centre de R&D dans les polymères. La décision sera prise en fin d'année. Nous devons adapter nos produits à la demande locale, car les applications restent différentes selon les pays, comme par exemple la qualité des peintures pour le bâtiment.Avez-vous dû renoncer à certaines exigences pour vous implanter dans le pays?? On a beaucoup parlé de l'impact nocif de vos émissions de gaz fluorés...Ce dernier point n'est plus un sujet car nous utilisons aujourd'hui des gaz de nouvelle génération. En tant qu'acteurs occidentaux, nous amenons nos propres standards de fabrication. La Chine est parfois plus exigeante que les standards américains ou européens, en matière d'émissions d'effluents aqueux par exemple. Concernant les émissions de gaz à effet de serre classiques en revanche, l'Europe conserve un temps d'avance.Quid de la propriété industrielle??La Chine doit encore faire des progrès pour la protéger, c'est une question de législation et de culture. Nous sommes vigilants par rapport à la copie?: le pays a beaucoup de moyens au niveau de la recherche et des universités. Nous espérons que, lorsqu'il développera ses propres technologies, il comprendra que la protection des données est un avantage compétitif.Le développement tous azimuts du pays constitue-t-il une opportunité ou une menace??C'est une menace par l'émergence d'une nouvelle concurrence. Le pays abrite certains de nos grands concurrents?: Sinochem, 3F... Ils n'ont pas encore de présence mondiale mais pourraient l'avoir dans le futur. En revanche, c'est une opportunité de marché?: notre croissance est supérieure à 20 % par an depuis trois ans, soit trois fois la croissance chinoise.Rhodia vient de réaliser une grosse acquisition en Chine. Comptez-vous faire de même??Ce n'est pas notre priorité. Nous privilégions la croissance organique, qui nous revient aujourd'hui moins cher que l'acquisition d'un fonds de commerce. Nous nous sommes implantés dans le pays en 1996 via une coentreprise avec le chinois Huayi dans l'eau oxygénée, dont nous détenons aujourd'hui les deux tiers. À Changshu, nous comptons installer en 2011 notre filiale Coatex et Changshu sera notre troisième site mondial après ceux de Beaumont et de Calvert City aux États-Unis.Propos recueillis par Audrey Tonnelier
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