Un petit déjeuner inexorablement plus cher

Café, cacao, céréales, lait, jus d'orange, sucre?: les ingrédients du petit déjeuner seraient en passe de devenir des produits de luxe. C'est en tout cas le discours de Danone, Nestlé et consorts. Gros consommateur de lait, Danone estime la hausse des prix de ses matières premières à 10 % sur l'année 2010, alors que Nestlé la jauge à 2 ou 3 %. En fait, cette inflation apparente des coûts s'explique par l'effet de base?: l'année 2009 avait vu les cours de ces matières plonger. Un effondrement auquel les industriels de l'agroalimentaire ont largement participé, en stoppant net leurs achats face aux incertitudes macroéconomiques. Quitte à réduire leurs stocks à la portion congrue. Le redémarrage de la demande a ainsi pris par surprise les chocolatiers, qui auraient mieux fait de faire provision de fèves l'an dernier. Leurs achats massifs depuis janvier ont entraîné une envolée des cours?: le prix moyen de la tonne de cacao a gagné 500 livres sterling entre 2009 et 2010?!Cacaoyers délaissésUne hausse qui s'explique aussi par la faible rémunération des agriculteurs ivoiriens, premiers producteurs au monde avec 40 % du total mondial. Comme les plants de café en Amérique latine, les cacaoyers sont délaissés lorsque les prix sont bas, et leurs rendements s'en ressentent. Si bien que des prix faibles engendrent inévitablement une baisse de la production, puis une hausse des cours. La question de la rémunération des producteurs se pose aussi pour le café d'Amérique latine, voire pour les céréales en Europe. Le revenu moyen des cultivateurs français de blé approchait les 110 euros par tonne selon FranceAgriMer pour la campagne 2009 : un niveau auquel les exploitations sont à peine rentables, et qui menace les récoltes suivantes. La forte hausse des cours du blé de ces dernières semaines (+ 60 % à Paris) pourrait renverser cette situation, même si le niveau actuel de 200 euros la tonne n'est pas forcément pérenne. Car la planète est loin de manquer de blé. Après deux récoltes prolifiques, les silos sont pleins?: les stocks s'élèvent à 528 millions de tonnes, 100 millions de tonnes de plus qu'en 2007, lors de la dernière crise alimentaire. « L'envol des prix du blé est surtout conjoncturel et directement lié à la canicule en Russie », estiment les experts de HSBC. Si les autres céréales ont aussi été tirées à la hausse dans le sillage du blé, les cours ne devraient pas tenir éternellement?: ils sont la répercussion d'une anomalie de la météo, tout comme les prix faibles de 2009 reflétaient une brusque détérioration de l'économie mondiale. Aline Robert
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