« Je me voyais déjà en haut de l'affiche... », pourraient chanter Grégoire, Adèle, Lili, Laurent, Pauline ou encore Viviane. Dans son dernier livre, « les Belles Années », Sophie Avon nous plonge au coeur des années 1980 au sein d'une bande d'apprentis comédiens inscrits dans un même cours de théâtre. Lucile est la soeur de Grégoire, lui-même amoureux de Viviane, qui ne s'aime pas du tout et se détruit à petit feu. Mina, elle, est tellement folle de Willy, qui la regarde à peine, qu'elle ne se rend même pas compte que Nathan cherche à la séduire. Quant à Laurent, tout le monde le connaît et tout le monde l'envie. Un vrai sac de noeuds.Critique de cinéma de « Ouest France », Sophie Avon signe ici un huitième roman aux accents de « film chorale ». Ses personnages se croisent, s'aiment ou ne se reconnaissent tout simplement pas. La romancière nous entraîne le temps d'un chapitre, voire deux, dans la vie de ces jeunes acteurs pleins d'espoir dans un Paris des « eighties » n'ayant pas la même saveur pop que celle que les « fashionistas » nostalgiques veulent bien nous faire croire.Lucile, Sonia et les autres ne vivent pas dans un monde fluo aux accents de « new wave ». Pour eux, les années 1980 ce sont les premières années sida, la mort de Truffaut, une rencontre avec Jean-Pierre Léaud, l'arrivée de la gauche au pouvoir avec l'élection de François Mitterrand en 1981 ou la fusillade de la rue des Rosiers en 1982. Dans « une impalpable atmosphère de chaos », ils luttent tant bien que mal contre tout ça.Sophie Avon se pose comme un narrateur omniscient, mais impuissant face à une décennie qui n'en finit pas de s'achever. En témoigne l'épilogue final, daté de 2006. Mais l'auteur, pour nous rassurer, impose un cadre, un ordre chronologique à cette suite d'aventures, chaque année révélant ainsi son lot d'incertitudes et d'espérances.En dressant le portrait de cette jeunesse pleine de désillusions, mais qui malgré tout s'accroche, Sophie Avon donne un bel aperçu de cette période mouvementée, et touche ainsi toutes les générations.Marine CluetAux éditions Mercure de France, 187 p., 16,80 euros.

latribune.fr

11 Août 2010, 23:25

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