Le soutien américain aux exportations africaines a échoué

Quelques tee-shirts de l'île Maurice, une poignée de fleurs coupées du Kenya, de rares paniers tressés du Rwanda, vendus dans le grand magasin Macy's : les produits africains restent discrets aux États-Unis. Le texte de l'initiative dite de l'Agoa (African Growth Opportunity Act), signé par le président Bill Clinton à la mi-2000 et offrant aux exportateurs de trente-huit pays africains des avantages en termes de droits de douane et de quotas pour près de 6.500 produits (y compris le pétrole), visait à accroître les exportations et, par là même, le développement du continent noir. Las ! À un récent sommet marquant les dix ans du texte, l'administration américaine, par la voix de Hillary Clinton, la secrétaire d'État, l'a admis : « Malgré de bonnes intentions, l'Agoa n'a eu que de modestes résultats, loin des ambitions prêtées au projet il y a dix ans », a-t-elle déclaré. Que s'est-il passé ? D'abord, le rôle de l'Agoa s'est vite réduit à celui d'un véhicule servant à exporter à bon compte du pétrole africain vers les États-Unis (l'énergie représente environ 90 % des exportations). De quoi permettre aux promoteurs du système de noter une progression continue des exportations africaines...Ensuite, l'Agoa a reçu un coup fatal en 2005, à l'occasion de la libéralisation mondiale des échanges dans le domaine du textile. Très compétitifs, les produits « made in China » ou « made in Bangladesh » ravissent rapidement des parts de marché aux exportateurs africains. Ces derniers n'arrivent même pas aujourd'hui à atteindre les quotas prévus par l'Agoa pour ces produits... Problèmes d'infrastructuresEnfin, les exportateurs africains pâtissent des problèmes d'infrastructures sur place. Seules 30 % des routes sont goudronnées, ralentissant les livraisons dans les ports, par exemple. Et « nous n'avons qu'un bateau par semaine », se plaint cette femme, citée dans la presse locale, qui fabrique des produits à base de cire d'abeille en Ouganda. Sans oublier que les petits producteurs ont parfois du mal à répondre à la quantité demandée par les Américains, voire la qualité. Bref, un dispositif tel que l'Agoa ne peut être efficace à moins d'être couplé avec des programmes de financement du développement, telle a été la conclusion de Hillary Clinton. Pourtant, l'Agoa inclut ce genre de programme de financement...
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