L'hommage de Guédiguian à Missak ManouchianEn salle mercredi...

L'hommage de Guédiguian à Missak ManouchianEn salle mercredi, « l'Armée du crime », de Robert Guédiguian, relate l'héroïsme et la fin tragique du groupe de Missak Manouchian, un bataillon de résistants communistes tous issus de l'immigration (FTP-MOI) qui s'est illustré durant la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi ce film ?Je souhaitais renouer avec le devoir de transmission de l'histoire du mouvement ouvrier. Et illustrer cette histoire par un grand moment. Or la destinée et l'héroïsme du groupe Manouchian durant la guerre sont l'un de ces grands moments. Ces jeunes communistes combattants juifs, polonais, hongrois, arméniens ou espagnols se sont levés très tôt contre l'occupant en France. La police française et les nazis ont voulu exploiter leur caractère non français à travers la fameuse Affiche rouge dénonçant des « terroristes cosmopolites ». Ces combattants avaient 17, 18 ou 19 ans. J'ai envie que les jeunes de notre époque se disent « moi, qu'aurais-je fait dans de telles circonstances ? ». Et que ces héros leur servent de modèle d'identification et les poussent à s'engager même si nous vivons une époque nettement moins dramatique. Vous ne respectez pas la chronologie historique et même vous inventez certains faits ?Pour de pures raisons cinématographiques. Pour autant, je ne modifie pas l'histoire. Je fais même ?uvre d'historien. D'ailleurs, le film sera projeté dans les écoles. Certes, je place l'arrestation d'Henri Krasucki [un résistant FTP qui deviendra secrétaire général de la CGT] la veille de celle du groupe Manouchian [novembre 1943], alors qu'en réalité elle est intervenue huit mois plus tôt. Mais la construction du film ne me permettait pas de respecter cette chronologie. De même, je fais arrêter Joseph Epstein [le chef des FTP d'Île-de-France] sous son vrai nom. En vérité, il avait un pseudo et ses bourreaux n'ont jamais su qui il était. Lui donner son vrai nom, est une façon, pour moi, de rendre hommage à un homme extraordinaire. Vous avez préféré de ne pas montrer l'exécution du groupe au mont Valérien.C'est volontaire. Dans le film, on voit une dernière fois tous ces résistants partir de dos, puis leurs visages apparaissent de face sur la fameuse Affiche rouge. Une façon de signifier que les héros ne meurent jamais. Votre prochain film ?Il s'intitulera « les Pauvres Gens », titre d'un poème de Victor Hugo, et l'on retrouvera le quartier de l'Estaque à Marseille.Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut
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