EDF prépare son divorce d'avec l'américain Constellation

EDF passe à la contre-attaque. Après avoir accueilli ce week-end avec « surprise » et « consternation » la décision de son associé américain, l'électricien Constellation, de renoncer à leur projet commun de construire un EPR dans le Maryland, le groupe dirigé par Henri Proglio précise ses intentions. « Cela va être compliqué de continuer à travailler avec un partenaire qui poursuit une logique financière court termiste. Le nucléaire exige une vision industrielle de long terme », affirme-t-on dans l'entourage de l'électricien français. Alors que certains se demandent si l'annonce de son retrait du projet d'EPR à Calvert Cliffs n'est pas une technique de négociation de la part de Constellation pour obtenir des conditions plus favorables du gouvernement, EDF est catégorique. « On n'a pas le sentiment d'un coup d'un bluff », glisse-t-on chez l'électricien qui veut plutôt y voir une étape supplémentaire vers la rupture de la part de son associé. EDF prépare d'ailleurs le marché à cette rupture depuis quelques jours. Avec succès, visiblement. Selon plusieurs analystes interrogés par Reuters, un divorce d'avec Constellation pourrait constituer un moindre mal pour le groupe français, car la chute des prix du gaz aux États-Unis a rendu le nouveau nucléaire moins rentable qu'il ne l'était il y a encore deux ans. Certains estiment même, comme Sofia Savvantidou, chez Citigroup, qu'une sortie pure et simple des États-Unis serait « une meilleure option pour EDF que de continuer à investir dans des sociétés qui ont peu de chances de rapporter beaucoup en retour, au moins à moyen terme ».Pouvoir de blocageLa séparation s'annonce cependant très conflictuelle. Même si « une source proche » indique à Reuters que des candidats se seraient déjà fait connaître, EDF aura du mal à trouver preneur pour ses 49,9 % des centrales nucléaires existantes de Constellation, achetées 4,5 milliards de dollars fin 2008. D'autant que, selon Bank of America Merrill Lynch, Constellation aurait le pouvoir de bloquer cette vente. Ensuite, EDF, qui a engagé la banque Lazard comme conseiller, prend le risque de voir Constellation exercer une option qui lui ferait perdre environ 1 milliard de dollars. L'électricien a précisément provisionné 1,1 milliard d'euros fin juin sur ce dossier, ce qui mène certains analystes à considérer qu'EDF a déjà payé le prix pour son aventure américaine. Sera-t-il, en revanche, désireux de la poursuivre, comme il l'affirme ? Rien n'est moins sûr. Henri Proglio n'a jamais caché sa désapprobation pour l'opération Constellation, menée par son prédécesseur et considère que l'avenir du nucléaire s'écrit plutôt à l'Est, en Asie, au Moyen-Orient, mais aussi en Russie et en Europe orientale.
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