Poutine mise sur la reprise chinoise

RécessionComme nombre d'autres capitales, Moscou compte sur le moteur chinois pour sortir son économie de la récession. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, se trouve à Pékin aujourd'hui et jusqu'à mercredi en mission spéciale : il s'agit de trouver des financements chinois ainsi que des débouchés aux exportations russes. Le tout pour un total de 3,7 milliards d'euros de contrats. L'un des principaux enjeux de la visite est d'obtenir un accord sur le gaz. Deux projets de gazoducs vers la Chine, d'une capacité pouvant atteindre 80 milliards de mètres cubes par an, sont en préparation, mais butent sur un profond désaccord concernant les tarifs. Chris Weafer, stratège à la banque d'investissement OuralSib, estime cependant qu'un compromis pourrait être trouvé, sur le modèle des 25 milliards de dollars de crédits accordés par Pékin au monopole d'État russe des oléoducs Transneft et au pétrolier d'État russe Rosneft, en échange de volumes de pétrole garantis sur vingt ans.Les échanges bilatéraux entre Russie et Chine ont fortement augmenté entre 2002 (6,3 milliards d'euros) et 2008 (38 milliards d'euros). Sans surprise, l'hégémonie des exportations de pétrole russe se poursuit, avec 56 % du total. Les métaux ne représentent que 5 % et la construction de machines, 4,4 %. Des chiffres qui reflètent le manque de diversification de l'économie russe et la très faible compétitivité de son industrie manufacturière sur le marché mondial. Inquiets de ces déséquilibres, les Russes espèrent vendre aux Chinois des avions de transport civils, ainsi que des équipements destinés à l'industrie nucléaire. Un mémorandum sur le développement de trains rapides et à grande vitesse sur le territoire russe doit également être signé à l'occasion de la visite de Vladimir Poutine, selon une source gouvernementale russe.dimension géopolitiqueCependant, si Pékin continue à être le premier client des avions de chasse russes, la Chine ambitionne de construire des avions concurrents, par ses propres moyens. Même chose dans le civil. Moscou comptait sur le marché chinois pour écouler son nouvel avion régional, le SuperJet. Mais le retard du projet russe et l'apparition d'un projet chinois concurrent menacent ses ambitions. Enfin, la visite du Premier ministre comporte également une dimension géopolitique. Il s'agit de trouver une position commune au sein du G20, notamment sur le statut du dollar en tant que monnaie de réserve. Enfin, les dirigeants russes et chinois évoqueront les dossiers iranien et nord-coréen. Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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